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| « Il faut être souple si vous voulez espérer un jour devenir danseuse. Si vous n'êtes pas souple à 6 ans, vous le serez encore moins à 16 ans. La souplesse et la grâce ne s'apprennent pas. C'est un don. Suivante... » |
  thierry
| Mon premier essai sur Vivès, l'auteur au buzz. Depuis son premier album, il passe pour LE nouvel auteur à suivre. Il a ses inconditionnels parmi les lecteurs et bénéficie surtout d'une couverture médiatique étonnante pour un auteur encore jeune. Personnellement, le buzz m'inquiète et j'ai tendance à m'éloigner de ce qu'on encense un peu trop . Mais je n'y suis pas allé le couteau entre les dents pour dézinguer le chouchou. Je suis entré dans ce livre sans attente particulière.
Polina est une petite fille qui entre à l'académie de danse, pour devenir danseuse étoile. Cette académie, studieuse et exigeante, compte parmi ses professeurs le redoutable monsieur Bojinski. Il représente l'archétype du professeur de la vieille école : attaché au classicisme de la danse, exigeant, impitoyable. Très vite, il décide de s'intéresser de très près à Polina, en qui il sent un énorme potentiel.
Récit initiatique et intimiste, récit de formation qui nous fait découvrir les différentes étapes de la vie de cette petite fille qui devient femme, pose des choix qui lui permettent de se dégager de plus en plus de l'influence de son enseignement pour s'affirmer comme artiste et comme personne. A vrai dire, il manque une véritable épaisseur à ce scénario. Tout ce qui arrive à Polina reste terriblement attendu, sans surprise. La fin du livre, qui remet en présence Polina et Bojinski, est bien amenée, émouvante sans doute, mais pas exempte d'une relative fadeur en regard de ce que mon âme de midinette attendait de ces moments. La faute un trop de retenue et à des personnages finalement trop simplistes pour devenir attachant. Nous ne sommes jamais très loin de « Fame ».
Agréable à lire, mais finalement creux. Je comparerais la bande dessinée de Vivès au cinéma de Sofia Coppola. Léger comme une bulle de savon, et de la même consistance. C'est joli, parfois touchant, mais cela ne laisse guère de trace.
Du point de vue du dessin, Vivès s'est imposé le défi suprême pour un dessinateur : la danse. Capturer sa légèreté et sa grâce. Contrat à moitié relevé. Certaines cases sont vraiment réussies, mais à d’autres moments, Polina apparaît trop figée. Mais je crois n'avoir vu que 2 dessinateurs réussit pleinement ce tour de force : Blutch et Jules Feiffer. On m'a également soufflé Baudoin. Vivès ne s'en tire finalement pas si mal, d'autant qu'il a encore le temps de progresser.
Alors, la question reste posée: pourquoi un tel buzz sur Vivès ? Plus que jamais, je pense qu'il a été identifié comme le héraut d'une nouvelle génération, visiblement héritière de la « nouvelle bande dessinée » des années 90, quelque part dans la continuité de Blain, Guibert, Blutch... Son éditeur le pousse (en même temps, c'est son boulot, et on peut difficilement dénier le fait que Vivès ait du talent), une certaine presse l'encense (à l'instar de Sfar ou Satrapi à une époque, pour diverses raisons, mais il y a sans doute une certaine « fidélisation » qui s'installe, pour étayer un discours ou servir une grille de lecture), et c'est tant mieux pour lui, même si ce soutien risque de devenir encombrant pour lui.
Je vois de belles promesses, mais à la lecture de Polina, et à lire les réactions sur ses titres précédents, il manque encore un peu de corps à ses histoires. A suivre, donc.
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