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  Coacho
| Bon sang, voilà un livre comme je les aime !
Tout d’abord, un livre épais, avec donc assez de pages pour faire durer le plaisir.
Puis ensuite, de belles planches bien aérées, en noir et blanc, mais qui resplendissent de couleurs, d’ambiances, de sons même !
Et pourtant… Quelques pages plus tard, je me dis que l’agonie risque d’être trop longue avec tant de pages… Quelques pages lentes et un peu ennuyeuses qui nous montrent Paul en enfant gâté qui a du mal avec sa première contrariété, son premier boulot, son premier échec…
Et puis vient une sorte de déclic. Un truc qui se passe alors qu’il se transforme au pied levé en animateur de camp de vacances pour jeunes défavorisés.
On le suit dans ses expériences et sa prise successive de responsabilités toujours plus matures… Il sort de son adolescence pour devenir un jeune homme avec les difficultés que l’on peut connaître à ces jeunes âges là…
Les personnages sont charismatiques, troublant, drôles, ou encore enivrants, et Paul trouve sa place au milieu de ce concert…
La rudesse de certains jeunes garçons laisse place à la tendresse de petites filles dont une, magnifique et aveugle, donnera des leçons de vie aux plus âgés (aah sa poupée Guatemaltèque…)… Et puis il y a Annie…
On lit alors avidement ces pages qui redeviennent trop peu pour prolonger ce plaisir immense et jouissif qui émane de cet album… Et on est aussi heureux de cette bouffée nostalgique que l’auteur lui-même… Je souhaite d’ailleurs à chacun de connaître un moment aussi magique que celui que connaît Paul à la fin de l’album !
Quoi qu’il en soit, Rabagliati s’impose comme un conteur extraordinaire qu’il faut lire absolument, et là, pas uniquement pour le charme incroyable du langage québécois (qui est parfois difficile à suivre !) mais bien pour l’immense bonheur qu’il nous procure. A bon entendeur… ;o)
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sixpieds
| "Paul a un travail d'été" fait suite à "Paul à la campagne" paru en 1999 chez le même éditeur et qui donne l'occasion à Michel Rabagliati de développer une bande dessinée d'inspiration autobiographique -et oui, encore- d'une sensibilité confondante de fraîcheur. Dans cet imposant volume, l'auteur nous raconte l'été de ses 18 ans et son passage de l'adolescence à la maturité. Tout se joue dans un camp de vacances d'été pour enfants à problème où Paul remplace, à la demande d'un de ses amis, un animateur qui s'est désisté. Pas très sûr de lui et encore couvé par ses parents, le voilà parti au bord d'un lac perdu en pleine forêt -l'action se déroule au Canada- avec une bande de joyeux déconneurs à peine plus âgés que lui mais visiblement bien plus débrouillards. Pendant les deux mois du camp, les groupes d'enfants se succéderont et à leur contact, avec la responsabilité que cela implique, Paul se fera une raison et arrêtera de se regarder le nombril. Cette histoire très simple puise dans les souvenirs de l'auteur avec une certaine nostalgie -celle également du premier amour de Paul- et se révèle légère et fragile, fragments d'un passé dont on ne garde que les moments forts au fond de sa mémoire. Un livre extrêmement attendrissant, dans lequel Michel Rabagliati accentue encore la densité émotionnelle par un étonnant retour au présent de la vie du personnage dans les dernières pages. Il boucle ainsi la boucle de ses secrets, en compose d'autres, transmettant à sa fille la clé du lieu où il a scellé ses 18 ans. Cette importance de la temporalité, abordée tragiquement par David B. dans L'ascension du haut-mal et humoristiquement par Blutch dans Le petit Christian, Michel Rabagliati la présente sans spécificité de genre, comme un retour sur soi pleinement accepté, ouvert aux autres, un simple canal passant de sa propre enfance à celle de sa fille. On évoque souvent Journal d'un album, Livret de phamille ou Ciboire de Criss pour parler de l'autobiographie en bande dessinée ; il faudra faire une petite place pleine d'affection pour "Paul a un travail d'été". |
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