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  Indy
| "L’Association" réussit là le pari de se hisser au dessus des plus grands éditeurs avec la sortie du tant attendu "Quimby mouse" (Ware) et celle de cette septième aventure de "Pascin", après plus de 3 ans d'absence.
Cette histoire pornographique (si, si!) de Pascin est agrémentée, en outre, de superbe pleines pages.
Est-ce une volonté de Sfar mais beaucoup de changements dans cet opus.
Certes il a choisi de quitter le noir et blanc pour des aquarelles en couleurs directes mais les personnages évoluent . Pascin se détache de l’image de Gainsbourg qui lui collait à la peau depuis le premier opus. Le monde de la peinture parisienne est beaucoup moins présent.
Cet album est un huis clos entre Pascin et sa maîtresse, avec quelques bouffées d’oxygène au début dans le jardin du Luxembourg ou encore sous le soleil des tropiques.
Un album presque intimiste, mais très cru aussi. Sfar ne s’encombre pas d’artifices pour dessiner Pascin dans ses ébats amoureux.
La forme a aussi changée ( euh…le prix aussi, soit dit en passant) : d’une couverture souple, on passe à un objet de luxe.
Incontestablement, l’utilisation des couleurs directes pour cet album donne de la vie à cette histoire « sentimentale » (c’est Sfar qui utilise ce terme, j’en aurai choisi un autre en l’occurrence) de Pascin et donne de la poésie à plusieurs pages.
« La java bleue », ou une joie de vivre ; « Pascin », un artiste épicurien qui tombe ici dans le piège de l’amour ( « mais l’amour physique est sans issu » chantait Gainsbourg ! tiens on revient encore à lui, il ne doit donc pas être si loin que cela)
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Coacho
| « La Java Bleue » est un album splendide.
Du point de vue de la maquette, on a droit à un livre luxueux, à la couverture granuleuse, au format non conventionnel, et au dos toilé du bel effet.
Plus de pages aussi, et de la couleur directe, des aquarelles et des gouaches.
Mais cet album est vendu sous cellophane, histoire de protéger son contenu des petits yeux innocents qui pourraient voir ce qui se passe entre ses pages.
Ou bien est-ce pour protéger son contenu de regards esthétiques désapprobateurs ?
Oui, parce que Sfar avait un besoin urgent de refaire du Pascin, de faire du sexe cru, des filles faciles, et de dessiner des fantasmes sexuels forts.
Oui, parce que Sfar avait besoin de retrouver les joies de la couleur naturelle, la matière, comme il l’évoquait dans ses carnets.
Oui, parce que derrière cette pornographie étalée (et dont le cheminement n’est parfois pas sans rappeler le réparateur de photocopieur qui vient débourrer sa machine…) il avait aussi besoin de parler d’amour, du grand, du beau, du fort, de cet amour qui paralyse et adoucit la plus féroces des bêtes…
Le pari est donc ouvert… Pour 23 euros (tout de même) vous pouvez acheter un album dont vous ne connaissez pas le contenu, uniquement basée sur la renommée et l’intelligence reconnue de l’auteur.
Ce pari en vaut-il la peine ?
Et bien tout fidèle de Sfar n’a pas besoin d’être conquis pour franchir ce pas qui le conduira loin des sentiers défrichés dans les 6 premiers tomes de Pascin. En parlant moins de peinture, et plus de sexe, le lecteur admirera la complexité amoureuse narrée par le talentueux auteur du Chat du Rabbin, du Grand Vampire, du Petit Vampire (etc).
De longues pages consacrées à l’emprisonnement mental de Pascin succèderont à quelques respirations extérieures dans un Parc ou à Cuba, mais il est toujours question d’amour.
Le dessin de « La Java Bleue » est déroutant.
Parce qu’il est plus proche de celui de ses carnets, on pourrait lui reprocher ou une certaine facilité, ou un besoin d’aller toujours plus à l’essentiel.
La couleur semble « barbouillée » et pourtant, on reste captivé par cette succession de pleines pages resplendissantes de couleurs primaires.
Etrange sentiment qui nous prend entre l’idée de lire un truc à la va-vite, et celle de lire un truc ou l’essentiel est ailleurs, dans la cohérence globale du livre.
A déconseiller pour commencer à découvrir Joann Sfar, les autres se le seront déjà procurés.
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