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  pikipu
| Je ne sais pas ce qui a poussé Tezuka à stopper cette série.
Peut-être le lectorat était-il lassé de ces histoires parfois creuses dont le principal intérêt résidait dans la dimension pédagogique du parallèle théâtre/réalité.
Peut-être Tezuka n'était-il lui-même pas convaincu de la consistance de son personnage et décida d'arrêter les dégats. Peut-être n'avait il plus grand chose à dire non plus...
Quoi qu'il en soit, dans cet ultime volume de Nanairo inko, Tezuka fait faire ses adieux à l'ara. Cet acte final qui fait plus de 150 pages, c'est à dire la moitié du tome, est une sorte de réhabilitation du personnage. Tezuka nous révèle son passé, ses souffrances, et grâce à cela, nous en dévoile l'aspect humain. C'est à mon sens ce qui manquait cruellement dans les tomes précédents. L'auteur nous brosse une histoire rafistolée, recollant les bouts, rejoignant l'injoignable, s'efforçant de livrer au lecteur une image enfin positive d'un héros qui n'en avait jamais été un.
On admirera la volonté manifeste de Tezuka d'offrir enfin une âme à son personnage. On serait presque tenté de relire certaines histoires des tomes précédents pour voir si l'on ne s'était pas trompé sur l'ara. Tezuka aurait sans doute gagné à présenter cette histoire plus tôt. Nous dévoiler l'humanité du personnage bien avant aurait peut-être changé ma lecture.
Et c'est là tout le génie de Tezuka: nous faire regretter un personnage que l'on ne peut aimer.
Un moment, j'ai cru qu'il y avait réussi. |
petitboulet
| Voici venu le dernier volume des aventures de l'Ara aux sept couleurs, ce personnage mi-acteur mi-voleur qui rappelle à plus d'un titre Arsène lupin. Et ce dernier tome nous réserve une surprise de taille, puisqu'il est consacré en majorité aux origines de l'Ara.
Tout commençait pourtant de façon classique, avec les maintenant habituelles petites histoires indépendantes prenant chacune pour thème une pièce de théâtre différente. On regrettera encore une fois le format de la plupart de ces "nouvelles" dessinées: 20 pages, pour du manga, c'est peu, très peu. Seule l'avant dernière histoire, "11 chats", tire réellement son épingle du jeu avec une intrigue plus fouillée et un nombre de planches doublé.
Dans ces conditions, la référence au théâtre se réduit souvent à une peau de chagrin, élément anecdotique liant artificiellement et maladroitement l'histoire à la pièce originelle. Témoin "Othello" dont Tezuka ne garde qu'une vague idée de jalousie et le nom du méchant, Iago.
Reste que parfois la sauce prend, comme dans "Six personnages en quête d'auteur", où Tezuka se met en scène d'une façon peu originale mais diablement efficace et en adéquation parfaite avec le sujet de la pièce.
Mais l'essentiel de ce dernier tome réside dans l'Acte final, consacré à l'histoire de l'Ara avant qu'il ne devienne acteur. On retrouve ici un Tezuka en roue libre nous livrant un récit très bien construit et rythmé, avec son lot de retournements de situation, et de personnages hauts en couleurs, pas mal d'humour et une bonne dose de bons sentiments. Pourtant, si cette histoire est très distrayante, elle ne possède pas l'ampleur et le charme de ceux (de même longueur) que l'on peut trouver dans Phénix, par exemple. La faute à une coïncidence très forcée et donc peu crédible, et au manichéisme du récit. Le Dieu du manga nous a habitué à plus de nuance. A sa décharge néanmoins, notons que Nanairo Inko est un shônen (manga destiné aux enfants et aux jeunes adolescents).
Ne boudons pas notre plaisir. Si Nanairo Inko est un Tezuka mineur, il n'en reste pas moins un manga qui atteint son but : distraire, tout en cherchant à intéresser le lecteur aux pièces de théâtre présentées dans ses pages. C'est déjà beaucoup. |
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