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| Quand il parle du dessin, Baudoin utilise toujours une même métaphore : celle de la musique. Pour lui, les points, les taches, les traits forment une chanson, une sonate, une symphonie. Dans cet ouvrage - qui fait suite à Questions de dessin (2002) - , il nous livre ses réflexions nées de trente ans de pratique. À quel moment un dessin est-il fini ? Peut-on devenir l’arbre que l’on essaie de représenter ? Comment faire entrer la fragilité de la vie dans les traces d’encre laissées sur le papier ? |
  briographe
| D'abord, comme pour réjouir les amateurs du Chemin de Saint-Jean, huit paysages immenses à l'encre de Chine invitent muettement le lecteur à ne pas entrer dans un rythme classique de lecture de bande dessinée, à abandonner l'avidité de la case suivante et à s'arrêter pour admirer cet orage qui s'abat sur la mer, cette cascade lumineuse qui découpe le noir de la montagne, le soleil de plomb sur la campagne, à l'image du promeneur qui y est représenté. Docile, le lecteur s'exécute.
Après cela, Edmond Baudoin énonce l'objet de ce livre : nous révéler que le dessin, à l'image de la nature est une mélodie qu'il faut apprendre à écouter. Pour le maestro niçois, chaque trait de crayon, chaque coup de pinceau possède sa propre musique. Ces sons infimes, élémentaires, structurent le vide (ou le silence) et le transforment en une symphonie. A plusieurs reprises, Baudoin souhaite exprimer au lecteur les questionnements et les émotions qui se présentent à lui lorsqu'il dessine.
Alors, plutôt que de nous placer devant un dessin achevé, il nous le montre à différentes étapes de sa construction. Par exemple, quatre étapes du portrait d'une jeune femme, de l'ébauche au résultat final. Le visage gagne en sensualité et en expression au fur et à mesure que l'artiste le complète. Quand faut-il s'arrêter ? Comment éviter le geste de trop, la fausse note ? Au moment où effectivement l'auteur détourne ses pinceaux, n'est-il pas déjà trop tard ?
La musique du dessin n'est peut-être pas le livre idéal pour attaquer l'œuvre considérable de Baudoin (Piero, Salade niçoise ou Les quatre fleuves sont peut-être plus indiqués). Les amateurs s'y plongeront en revanche avec le bonheur habituel.
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