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| Nicaragua, 1976. Secondé par la sinistre Guardia, "Tachito" Somoza règne en maître sur ce petit pays d'Amérique centrale. Jeune séminariste, fils d'une grande famille de Managua, la capitale, Gabriel peint. Le Christ, la Passion, les saints. Il est doué pour ça. C'est la raison pour laquelle on l'envoie exercer son art auprès de Ruben, le prêtre de San Juan, un petit village niché dans la montagne. Peu apprécié des villageois, parce qu'il est le fils de son père, Gabriel devra apprendre à les connaître et à les aimer, encouragé par un Ruben l'exhortant à les peindre tels qu'ils sont, hommes et femmes de chair et de sang. Ainsi, en "soulevant la peau des choses", Gabriel découvrira la répression militaire contre les paysans, et contre lui-même le joug écrasant de sa sensualité. Pour lui comme pour les villageois, les temps sont à la révolte qui gronde et à la révolution qui couve... |
  thierry
| Gabriel est jeune séminariste issu d'une famille puissante. Doublement protégé, il n'a jamais pris conscience des atrocités commises par la dictature qui sévit dans son pays. Dessinateur talentueux, il est envoyé dans une église de campagne pour réaliser une fresque inspirée de la Passion du Christ. Cette fresque sera pour lui l'occasion de multiple rencontres qui le forceront a prendre position face a l'oppression.
Muchacho est un album Aire Libre, qui synthétise tout ce qui peut ravir ou agacer les lecteurs. Personnellement, c'est le genre d'album qui m'agace de plus en plus. Je qualifierai "Muchacho" de joli. Jolis dessins, jolie histoire avec des jolis symboles, jolie morale parce qu'on y dit bien que la dictature, c'est po bien. Que des éléments fédérateurs.
Entendons-nous, je ne dénigre pas le travail de Lepage. Il y a quelques très belles planches. Cela dit, c'est typiquement un album de dessinateur dont les scènes les plus marquantes sont purement graphiques, comme les briquets brandis a la fin de l'album ou Gabriel perché au sommet de l'Église, observant les villageois (dans une situation qui n'est pas sans évoquer le "Sursis" de Gibrat). Mais cet esthétisme tend a adoucir le propos au lieu de le renforcer. La narration souffre de quelques lenteurs. Et par dessus tout, il y a une naïveté beaucoup trop présente. Gabriel n'est pas accepté par les villageois. Il commence a les croquer sur le vif et le pouvoir d'attraction du dessin lui permet de nouer le contact et de gagner leur respect puis leur confiance. Ben oui, c'est un joli symbole qui sert une histoire gentiment engagée.
Trop lisse, trop propre, trop léger... simplement joli. Voila tout le problème de cet album qui se lit vite et s'oublie vite. J'aurai aime plus d'engagement, plus de dureté. Mais nous sommes en plein dans les limites qu'Aire Libre semble s'être imposées. |
Chrysostome
| Commençons par la grande qualité de cette BD : les dessins sont magnifiques ! Dans un style réaliste, réalisés en couleurs directes, c'est du grand art. Bref, imaginez du Hermann, mais encore un cran au-dessus ! La comparaison ne
s'arrête pas là, car comme pour Hermann lorsqu'il se scénarise lui même sur des one-shot, l'envie de raconter l'injustice est bien présente, mais les qualités scénaristiques ne sont pas toujours à la hauteur. Bien sûr, on se laisse volontiers raconter cette histoire, sans se lasser ni s'impatienter, mais au final je suis surpris de me rendre compte du peu qu'il se passe en 72 pages. Et c'est là qu'on voit qu'on a à faire à un dessinateur talentueux qui scénarise : la place est plus accordée à la beauté de l'image qu'à la densité de l'histoire. Certains s'en contentent très bien, et je les comprend au vu de la beauté des dessins. Je préfère cependant pour ma part
des scénarios un peu plus étoffés.
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Coacho
| Et voilà donc comment se conclut l’histoire trouble et troublante de Gabriel de la Serna.
Une histoire qui nous plonge dans cette dictature sandiniste violente qui réprime tout sentiment, toute idée, qui brise toute velléité et tout rêve.
Difficile de croire, de grandir, de s’élever dans un environnement aussi hostile.
Entre la fuite de la réalité et la volonté de se réaliser quand même, les personnages vont s’entrechoquer et rien ne laisse jamais indifférent. On ne sort pas indemne d’une telle leçon de bande dessinée.
C’est dû évidemment à un scénario de très grande qualité où tout est bien campé, de l’environnement politique à la situation géographique en passant par les caractères des personnages. Mais c’est aussi le résultat inouï de la qualité de la mise en scène d’Emmanuel Lepage qui nous offre des planches d’une beauté proprement hallucinante.
Chaque page est le résultat d’un travail minutieux et le choix des ses couleurs est toujours parfait, toujours idéal pour souligner l’intensité de l’instant ou la force d’un sentiment.
On ressent la moiteur tropicale de la forêt, on ressent la peur des protagonistes traqués, on est plongé dans la même excitation des moments intenses, ou bien troublés par les même pulsions sexuelles que ces mêmes personnages ressentent…
Une époustouflante leçon graphique qui est au service d’une histoire forte et complète, qui permet d’aborder un grand nombre de thèmes aussi disparates que la création, la dictature, l’homosexualité, le meurtre… Le tout d’une parfaite fluidité et d’une cohérence qui est la marque des grands.
Et derrière ceci un message fort, une conclusion idéale… L’espoir…
Diptyque à lire de toute urgence. |
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