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| Innocent mais curieux, un jeune garcon rencontre, dans une galerie de jeux en mal de public, un mysterieux animateur de spectacles de marionnettes au passe tenebreux et une femme qui, pour vivre, joue les sirenes. Reve et realite se melent... |
  petitboulet
| Neil Gaiman nous raconte l'histoire d'un petit enfant et de son grand-père. Le vieil homme possède une galerie d'attractions en bord de mer, où un montreur du spectacle de marionnettes de Punch and Judy va venir s'installer. Mr Punch est une marionnette qui joue des tours pendables à tout le monde. On pourrait la penser sympathique, comme notre Guignol, mais Mr Punch ne fait pas de farces sympathiques: toutes les siennes tuent.
Le cadre de cette histoire (une galerie d'attractions) est propice à la création d'une ambiance de magie, parfois belle et féerique, souvent sombre et effrayante. L'enfance de ce garçon est conditionnée par ses peurs: la peur de Mr Punch, bien sûr, mais aussi et surtout celle des adultes. Bien qu'il soit inquiétant, le monde imaginaire de Mr Punch devient pour l'enfant un refuge plus rassurant que le monde réel, auquel il n'appartient encore pas vraiment, et que souvent il ne comprend pas. Les adultes ne jouent pas un joli rôle dans le livre. Si Mr Punch ment, trompe et tue, c'est avec la complicité des enfants de l'assistance. Les adultes, eux, mentent aux enfants, les mettent en dehors de leurs jeux, et prennent donc un caractère beaucoup plus inquiétant et mystérieux, et un peu pathétique aussi. Les grandes personnes sont comme des prestidigitateurs: ils sont impressionnants à première vue, mais quand on voit le truc derrière le tour de "magie", il ne reste qu'un homme ordinaire dans un costume ridicule manipulant vainement des objets. Toute la magie disparaît, révélant le triste et fade décor derrière.
Dave Mc Kean excelle à retranscrire l'univers de Gaiman, parce qu'ils ont en commun le fait de travailler sur l'imaginaire. Mc Kean traduit le songe à l'aide de collages de photos, de marionnettes de peintures et de sculptures, patchwork étrangement homogène et harmonieux, qui épouse l'imaginaire du lecteur plutôt que de s'imposer à lui: il y a beaucoup de non-dit dans le travail de Mc Kean, par où l'on peut s'engouffrer, et qui nous permettent ainsi de participer pleinement et activement à l'histoire. Gaiman lui aussi laisse beaucoup de liberté au lecteur, grâce à l'emploi de la voix-off, notamment. Il sait que ce que l'on ne voit pas fait plus d'impression que ce que l'on montre, alors il cache, il laisse des zones d'ombres, il déforme, il se focalise sur d'autres sens que la vue, et crée ainsi une histoire dans lequel le lecteur peut vraiment plonger et s'impliquer.
Mr Punch possède toutes les qualités qui font un bon livre pour enfants, mais adapté aux adultes: un livre pour grands enfants en quelque sorte, qui souligne l'osmose entre deux artistes aux univers complémentaires et fascinants.
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rohagus
| Je n'arrive pas à me faire une opinion définitive sur cet ouvrage. Il y a des choses qui ne m'y ont pas plu. Mais j'ai également été parfois happé par l'ambiance graphique.
Je regrette la police de caractère trop petite et alambiquée obligeant à focaliser trop d'attention sur son déchiffrement (j'ai lu la version anglaise). Je regrette les trop longues plages de texte qu'on doit lire soigneusement au détriment des images qui les accompagnent. Je regrette les moments assez lents et ennuyeux du récit. Je regrette les permanents flous du souvenir de l'enfant, ces trop nombreuses inconnues comme si, étant enfant, le héros n'avait jamais osé parlé ni posé les bonnes questions, n'avait jamais su comprendre ce qui l'entourait, juste le ressentir. Ce mystère permanent me semble un peu excessif et surtout frustrant pour le lecteur que je suis. J'avais ressenti le même agacement à la lecture de Violent Cases des mêmes auteurs et sur le même thème des souvenirs d'enfance mystérieux.
Mais à côté de cela, cet oeuvre a su provoquer en moi de belles fulgurances émotionnelles.
Je ne connaissais pas le spectacle de marionnette "Punch & Judy", équivalent anglais de Guignol mais à la morale nettement plus troublante et au contenu nettement plus dérangeant. Nul doute qu'enfant, j'aurais franchement été effrayé par cette histoire. Comme j'ai ressenti un vrai trouble et une vraie crainte lors de la première confrontation du jeune héros avec Mr Punch sur la plage à l'aurore.
Par la suite, ce sont ainsi des alternances de moments assez forts et de moments plus ennuyeux. Le graphisme de Dave Mc Kean, dont j'apprécie l'esthétique mais que je n'aime pas toujours quand il s'agit de raconter une histoire en BD, marche vraiment très fort pour créer l'ambiance qui saura coller parfaitement au texte de Gaiman. Et quand ce texte trouve sa verve et son rythme comme dans certaines pages de cet album, associé à ce graphisme, cela donne quelque chose de saisissant.
Je ne sais que penser de cet album qui a su me toucher et m'ennuyer à la fois, que je trouve parfois beau et parfois trop abscon. Je ne suis pas sûr que j'en conseillerais l'achat, à moins d'aimer cela et d'être vraiment touché par le récit. Mais une lecture s'impose avant toute chose pour vérifier si vous êtes sensible à cet art. |
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