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| Une histoire toute simple, presque muette, réalisée en trois jours pour une exposition de « l'écurie mécanique générale » en février 2003. Un jeune femme se lève un matin et se prépare à aller travailler. Elle vit avec un chat et on sent que ce compagnon ne suffit plus à combler sa solitude, elle cherche dans diverses sources (dont les films et la musique qu'elle écoute) les traces d'une présence masculine. Un petit livre sur le désir, le climat et le temps qui passe, qui parle surtout avec ses ambiances et ses non-dits. Ou encore un livre sur la chaleur humaine.
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  yancomix
| Coup de cœur !
Pourtant ce petit livre n’a l’air de rien, format riquiqui, de couleur terne, pagination maigrelette ( 41 pages, mais seulement 4 images par page )…
Mais les dessin de couverture et de quatrième de couverture sont si séduisants que voilà déjà mon cœur trop sentimental qui s’emballe pour ce joli minois…
Le récit démarre avec la sonnerie du réveil, au rythme des premières heures de la journée, d’abord lentement, les yeux pleins de sommeil et le cerveau embué jusqu’à un “Guns of Brixton” coquin et déhanché que vous n’écouterez ensuite plus jamais de la même façon…
Le dessin de Jimmy Beaulieu, au pinceau, sur papier gris, ici délicatement relevé de lavis, est étonnant de vivacité, rapide, concis, elliptique et pourtant terriblement précis… et peut-être pris sur le vif ?
Un trait loin de tout système, toujours sur le fil du rasoir de l’expression juste, de l’attitude exacte.
Jimmy Beaulieu ne raconte finalement pas grand-chose… Pas de grande aventure en ces pages, pas de scénario en béton pour ferrer le lecteur au bout de l’hameçon marchand. Mais de petites choses, de ces petits riens qu’on ignore, ou qui ne comptent pas… Juste l’observation amoureuse et tendre des légères traces du quotidien.
La beauté de ce corps qui s’étire assis au bord du lit, la naissance des seins dans l’entrebâillement de la robe de chambre… Que ne suis-je mieux réveillé le matin pour me nourrir du délice de ces détails!?
Et il faut tout le bonheur contagieux que Jimmy Beaulieu prend très visiblement à dessiner pour s’étonner joyeusement qu’une femme qui s’habille puisse être encore plus belle que lorsque elle hôte ses vêtements. Et quelle audace, rendue à la rue, que de nous la montrer toute aussi séduisante le nez enfoncé dans son écharpe, le bonnet vissé sur le crâne, engoncée dans ses épais vêtements, nous qui émergeons du spectacle de sa nudité parfaite.
Toute la réussite de cette bande dessinée, comme de tout l’art de Jimmy Beaulieu, tient dans cette subtilité et ce respect parfait dans la représentation du corps féminin. Nulle trace de voyeurisme libidineux en ses pages, pas de ces réflexes bourrés d’hormones que trop de dessinateurs de bédés brandissent comme étendard de leur masculine bêtise.
Le signe à l’encre de chine qui, chez Jimmy Beaulieu, signifie “femme” est tendre et coquine caresse, goût de pêche.
Petite bande dessinée en forme de poésie, je termine ma lecture comme le personnage masculin à la dernière case: en apesanteur… J’ai débuté en écrivant “coup de cœur”, j’aurais du écrire “bonheur”. |
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