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| Réédité en 2017 par l'Association |
  Mael
| En 2015, L’Association publiait Arsène Schrauwen, hallucinant délire colonial faussement biographique, dernier né d’un des plus radicaux et fascinant auteur belge actuel : le flamand Olivier Schrauwen.
Déjà connu d’une partie du public le plus féru d’underground, ce livre l’avait révélé à un plus large lectorat. Dans la foulée de cette mise en lumière, L’Association réédite Le Miroir de Mowgli, qui avait été publié de manière relativement confidentielle par les éditions Ouvroir Humoir en 2011.
C’est l’histoire d’un homme de la jungle qui rencontre une guenon. Face à face, ils se renvoient leurs grimaces, évoquant le miroir du titre, avant que l’homme ne découvre son reflet. Une histoire d’amour se crée, avec de l’incompréhension, un peu de réécriture de Narcisse, une fuite en avant et un homme-singe qui devient fou.
Bien plus qu’à une histoire, le lecteur assiste à une dérive. La narration extrêmement fine alterne des actions rapides à des longues respirations et rencontres où le héros tente de retrouver son Éden, sans succès. Le rythme et la construction l’entraînent chaque case plus loin dans sa folie… vers sa perte ?
Mais Schrauwen est bien plus surprenant que cela. Ce n’est pas le déroulé de l’histoire qui est le plus intéressant mais la lecture que l’on est en train de faire. De fait, le travail de Schrauwen ne ressemble à rien de commun. Dans sa quarantaine de pages muettes, des interactions souvent brutales sont régulièrement stoppées par d’étonnantes pleines pages aux allures de tableaux christiques. Par ces jeux graphiques, ces références rebondissant sur l’inconscient collectif, l’auteur s’amuse à mettre à nu la soi-disant naïveté de l’homme sauvage. Le naïf Mowgli n’est pas seulement un petit enfant. Il a un sexe et beaucoup de force mais il reste un homme bien fragile dans l’immensité de la jungle.
Cette réédition d’un ouvrage somme toute récent avait rappelé combien les livres ont aujourd’hui une courte durée de vie. Sans ce travail volontaire de l’éditeur, impossible de retrouver facilement le début d’une œuvre pourtant jugée essentielle. Saluons l’initiative. |
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