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  herbv
| Nishi est un auteur de bande dessinée débutant et au talent relatif. Il faut dire que sa faiblesse de caractère n’aide pas à la réussite, professionnellement mais aussi sentimentalement : elle l’avait empêché de se déclarer réellement auprès de la jolie Myon lorsqu’ils étaient au collège. Retrouvant son amour de jeunesse dans le métro grâce à une rencontre accidentelle, il ne se doute pas un seul instant que sa vie vient de basculer, et pas pour le meilleur. En effet, la belle tient une gargote avec sa sœur depuis que leur père s’est enfui du domicile familial pour échapper à ses créanciers, des yakuzas toujours déterminés à recouvrer leur créance, même des années plus tard.
Mind Game est un titre assez ancien, paru entre 1995 et 1996 dans le défunt magazine Comic Are! de l’éditeur Magazine House. Il doit sa notoriété principalement à son adaptation en film d’animation par le fameux studio 4C (Memories, Amer Béton, etc.) en 2004, ce qui lui a valu une réédition en un volume, volume dont la version française nous est proposée par IMHO. Il s’agit d’un pavé de 850 pages regroupant les trois tomes d’origine. Robin Nishi, l’auteur, est un ancien assistant d’Umezu Kazuo (le maître du manga d’horreur, à qui l’on doit L'École emportée). Il était lui-même relativement débutant, comme son personnage principal, lorsqu’il a entrepris ce manga, n’ayant qu’une série à son actif (Zokubutsu ô, publié dans l’hebdomadaire Morning, de Kodansha entre 1992 et 1994), de plus uniquement en tant que dessinateur.
Que l’on ait vu le film ou non, Mind Game surprend dès qu’on l’ouvre. En effet, son graphisme jeté, spontané, pour ne pas dire maladroit, est très loin des standards du milieu des années 1990, profondément sous influence de Katsuhiro Otomo ou d’Akira Toriyama. Quand on sait que l’auteur dessinait de façon plus classique dans le magazine Morning, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une démarche volontaire, typique de l’eta-huma. Traduisible par maladroit-génial, il s’agit là d’un style graphique enfantin – plus ou moins – volontairement choisi par les auteurs, se réclamant de ce courant et généralement issu de la revue alternative Garo. Le second effet de surprise vient de la découverte que les effets visuels, notamment psychédéliques, du film ne sont pas issus de l’imagination des animateurs du studio 4C mais bel et bien de celui de Robin Nishi.
Malheureusement, cet univers graphique est quelque peu gâché par une histoire peu passionnante, à la narration mal maitrisée et aux longueurs un peu trop fréquentes. Les personnages sont peu attachants (sans parler de leur crédibilité toute relative) et assez falots. Mention spéciale sera toutefois faite du yakuza ressemblant comme deux gouttes d’eaux au vieil inspecteur Fujimura du manga Amer Béton de Tayou Matsumoto. Néanmoins, le tout se lit assez vite malgré le nombre de pages élevé et permet d’améliorer ses connaissances sur un pan du manga, celui dit « alternatif », aux publications si souvent originales. Un manga à réserver aux passionnés du film qui voudraient découvrir l’œuvre originale dont est tirée le fameux long métrage déjanté aux techniques d’animation variées, mais aussi aux simples curieux. |
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