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  CoeurDePat
| Ce petit album dépeint de façon très fragmentaire et chronologiquement désordonnée quelques souvenirs de Thiriet. La mise en page est très vivante, libre de cadres, un peu bordélique aussi, comme pour un carnet d’esquisses (un peu façon Carnets de Bord), c’est franchement plaisant.
Le dessin, assez simple et schématique, exprime très bien ce qui doit l’être, fait passer l’humour et le dérisoire sans aucun problème… A ce titre, la première page sur les huit chats est exemplaire, et malgré sa fin tristement tragique, elle m’a fait beaucoup rire.
Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas ici d’une "vraie" autobiographie ! Les souvenirs décrits sont très partiels, un peu comme des choses qui nous ont marquées nous personnellement, qui ont été importantes, mais pour nous. Le ton général est faussement nostalgique, empreint d’un humour et d’une ironie qui transparaissent à chaque page, car Thiriet porte sur ce qu’il décrit un regard très lucide.
Alors voilà, sans être aucunement mort de rire, j’ai trouvé "Mémoires courtes" d’une grande fraîcheur, d’une lucidité intéressante et d’un comique certes léger mais néanmoins très agréable. |
everland
| L’autobiographie connait actuellement une véritable explosion en bande dessinée. Il faut dire que le média s’y prête bien : il s’apparente sur de nombreux points au processus de la mémoire. Images fixes, ellipses, séquence narrative sans contexte… la mémoire ne conserve pas le son, elle oublie aussi le cours du temps. Elle ne garde que quelques images ajustées sur ce que nous savons de notre enfance.
En ce sens, "Mémoires courtes" de Thiriet exploite complétement cette analogie. L’auteur juxtapose sans explication et sans chronologie ses souvenirs d’enfance. On serait tenté de dire que la qualité est inégale : on passe de l’anecdotique au rire, de l’inintéressant à l’indispensable... Peu importe, Thiriet ne cherche pas à séduire, juste à partager un peu de lui-même à travers quelques anecdotes. Après tout, si nos mémoires diffèrent, la nostalgie est universelle. En se lançant dans l’autobiographie, l’auteur prête en quelque sorte son vécu pour le plaisir universel du souvenir et de toutes ces émotions qu’il induit. L'autobiographie raconte aussi le fonctionnement de notre mémoire.
Dans cet optique, "Mémoires courtes" est un album particulièrement réussi. On ne sait pratiquement rien sur Thiriet en refermant l'album, parce qu'il ne raconte rien. Il se contente de se souvenir avec légereté de quelques moments qui l'ont marqué. Il ne s'agit donc pas de l'album de l'année mais d'une expérience autobiographique intéressante (et très agréable à lire) qui s'approche finalement beaucoup plus du processus de la mémoire que d'autres albums, plus captivants, mais également plus romancés. |
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