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| Intégrale des numéros 1 à 7 du fascicule autobiographique « Mélody ».
En 2013, Ego comme X édite également une intégrale de ces 7 fascicules avec une préface de Bernard Joubert. |
  Mael
| Sylvie Rancourt était connue des critiques pour avoir réalisé la première BD autobiographique canadienne. Armée d'un dessin enfantin et parfois maladroit, elle racontait son quotidien de strip-teaseuse dans de petits fascicules distribués dans les bars. Par la suite, elle auto-édita sept numéros diffusés en kiosque, avant de publier de nombreux albums aux États-Unis et de se consacrer à la peinture. Pourtant, une fois passées les infos lues sur elle dans telle revue ou tel dictionnaire, peu de français avaient eu l'occasion de réellement lire son travail.
Ego comme X était l'éditeur naturel de ce livre*. Parce qu'il est autobiographique bien sûr, mais aussi parce que l'éditeur angoumoisin n'a jamais été effrayé par la question sexuelle. Rares sont les autobios réellement sans compromis, ou l'auteur ne se contente pas de se peindre en pleine assurance. Que ce soit avec le Journal de Neaud ou l'Essai de sentimentalisme de Poincelet et Néhou, Ego comme X a montré que ce sujet ne l'effrayait pas. Enfin, c'est aussi un éditeur qui, avec Jean Teulé et Frédéric Boilet, s'est consacré avec intelligence à la redécouverte d'un patrimoine proche (les années 1980) qui fait souvent défaut, créant ainsi un catalogue accueillant naturellement ce travail imparfait.
Mélody réunit les 7 premiers comics de Sylvie Rancourt. On y voit l'alter-ego de l'auteure se retrouver à danser nue faute d'autre chose et à s'en contenter. Elle vit difficilement avec Nick, un petit malfrat sans envergure, drogué et peu amène, qu'elle aime sans que l'on comprenne pourquoi. Libérée, Mélody n'hésite pas à coucher avec d'autres tant qu'elle y prend du plaisir, et s'amuse parfois de son métier, tout en tachant de garder des relations saines avec sa famille. Devant sans cesse rattraper les erreurs de son compagnon, elle apparaît tantôt enjouée, tantôt franchement cruche. Tout le long du livre elle est à l'image de son dessin : d'une naïveté confondante.
Dans son utile préface, Bernard Joubert, explique bien le sentiment qui accapare le lecteur. Face à cette mise à nu totale et pas seulement physique on est tour à tour surpris, énervé, attendri, sans trop savoir où nous allons. Rien d'anormal : en réalisant ses bandes dessinées Sylvie Rancourt n'en avait pas plus l'idée, elle captait juste avec une grande finesse et beaucoup d'honnêteté son quotidien. Une pratique sans arrière-pensée mais qui, dira-t-elle plus tard, lui a sauvé la vie. Difficile de ne pas se laisser convaincre par Mélody qui, malgré son dessin défaillant, va plus loin et dit plus que les trois-quarts des insipides autobiographies qui ont inondé le marché ces dernières années.
* Une première intégrale en langue française, confidentielle, était sortie à la fin des années 1980. |
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