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  charlie brown
| Déjà, dès la couverture, ça démarre bien. Lolita, en grenouillère lapin (costume réglementaire de l’univers qui nous est proposé), est allongée sur le sol en train d’écouter un disque vinyle. Parmi les disques épars qui l’entourent, elle a choisi de mettre deux pochettes en valeur : un vinyle des Beatles et un CD de Neil Young. Je suis sûr qu’en plus d’avoir du goût, elle l’a fait exprès en pensant à moi. Elle voudrait m’envoyer un message d’amour subliminal qu’elle ne s’y prendrait pas autrement ! Sacrée Lolita... :o)
La suite est très renaudienne. Peut-être même faudrait-il dire « séchanienne »... Lolita cultive, à l’instar de son « papou », la nostalgie de l’enfance. Une sorte d’atavisme familial, puissant moteur créatif potentiellement destructeur (« L’enfance, ça vous gâche un adulte ! » comme elle le dit elle-même en exergue de son ouvrage, en quatrième de couverture). Chaque petite séquence est introduite par un jouet, un objet, qui a marqué son enfance (et celle du lecteur trentenaire par la même occasion), écho pas si lointain du Mistral gagnant de son chanteur de papa.
A 25 ans, à l’âge où elle pourrait se sentir tarabustée par le désir d’enfant – ce qu’elle n’a pas l’air d’être, en bonne « adulescente » assumée qu’elle est – son père l’appelle pour lui annoncer qu’elle va être grande sœur. Stupéfaction. Catastrophe. De l’incompréhension à la colère en passant par le dépit, elle survole rapidement toutes les phases du bouleversement. Puis, subtilement, tendrement, mais toujours avec une bonne dose d’humour et d’originalité, elle nous raconte, par petites touches, l’inéluctable glissement qui va l’amener de l’acceptation à l’amour pour ce petit être qui a déboulé dans sa vie par un chemin de traverse. Elle en profite pour faire résonner quelques souvenirs d’enfance et d’adolescence que ne manquent pas de faire surgir un tel événement.
Pour le lecteur lambda, c’est déjà une chouette petite tranche de vie, drôle et tendre, mise en scène par un joli trait. Pour l’amateur de Renaud que je suis, c’est aussi un peu plus que ça... La poursuite de l’évocation d’un univers qui m’est depuis longtemps devenu familier. Un passage de relais du père à la fille, via le vecteur du dessin, de la bande dessinée. Renaud écrivait et composait (excusez-moi pour le temps au passé) des chansons en déplorant de ne pas savoir dessiner, Lolita dessine des histoires en regrettant de ne pas savoir écrire et composer des chansons. La boucle est bouclée. Pour qui connaît Renaud et ses chansons, les échos, conscients ou inconscients, sont multiples. C’est indéniablement un des charmes supplémentaires de cette lecture déjà fort agréable.
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