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| « Tournera, tournera pas ?... »
Court métrage récompensé à maintes reprises, La Révolution des Crabes - avant de connaître une suite sous la forme d’un long - sera adapté en bande
dessinée : une trilogie caustique autour de la condition d’un crabe, le Cancer Simplicimus Vulgaris ! En effet... Depuis 400 millions d’années, toutes les espèces évoluent dans la joie et l’allégresse. Toutes sauf une : le Cancer Simplicimus Vulgaris, ou crabe carré. Cette sous-espèce de crustacés peuplant les rivages de l’Estuaire de la Gironde est frappée, depuis des millénaires, d’une étrange tare : elle ne peut changer de direction, et est condamnée à marcher selon une même ligne droite !
Mais... Durant un été comme les autres, pendant que les vacanciers profitent du soleil et des congés payés, trois petits crabes carrés vont se rebeller, et bouleverser ainsi l’écosystème tout entier ! |
  rohagus
| Dans l'imaginaire d'Arthur de Pins, le crabe carré de Gironde est un animal qui a la malheureuse spécificité d'être incapable de tourner. Toute sa vie, il marchera le long d'une même ligne droite qui formera ainsi les limites bornées d'une existence où le seul choix se résumera à aller d'un côté, de l'autre ou d'attendre sur place qu'il se passe quelque chose. Jusqu'au jour où trois de ces fameux crabes décident un peu par hasard de se rebeller contre cette nature qui les emprisonne.
Même si je savais qu'Arthur de Pins avait travaillé sur un court-métrage d'animation sur le sujet, j'ai été un peu surpris de le voir se lancer dans une trilogie en bande dessinée abordant un tel récit. Une histoire animalière mêlant ainsi aventure, humour et philosophie ne ressemble guère en effet à ses petites bonnes femmes de Péchés mignons, pas plus qu'au récent Zombillénium. Mais cela n'a rien de désagréable de le voir ainsi s'écarter du chemin dans lequel on aurait trop vite fait de le borner, à la manière justement de ses héros crustacés.
Si l'on reconnaît la touche très informatique du dessin d'Arthur de Pins, le graphisme dont il fait preuve ici diffère de ses autres oeuvres. Plus épuré, un peu plus anguleux, il se démarque par une colorisation en aplats aux teintes soigneusement choisies. C'est agréable à l'oeil et fluide à la lecture, même s'il est facile de confondre des crabes qui se ressemblent un peu tous.
Le déroulement de l'intrigue m'a fait penser aux récits des rats du Pacush Blues de Ptiluc. On y retrouve en effet un cocktail similaire de discussions philosophiques, d'humour et de cruauté de la nature. On réalise bien vite que tout n'est que métaphore de la vie humaine et de ces bornes que l'on s'impose ou que l'on ne voit pas simplement parce qu'on est trop con, comme l'indique la dernière phrase du premier tome.
A cet univers totalement animalier, Arthur de Pins ajoute cependant une dimension humaine puisqu'en parallèle des aventures des crabes se déroulent les manigances humaines, entre des vacanciers insouciants, une paire de reporters animaliers, des militants de Greenpeace et un commandant de bord cocu.
La lecture se révèle plaisante, parfois amusante, parfois intelligente. Sans m'avoir véritablement marqué, je n'en lirais pas moins la suite si j'en ai l'occasion.
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