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  vacom
| Voilà un album franchement bizarre. C'est l'auteur qui le dit, ce n'est pas vraiment une bande dessinée mais une bande calligraphiée.
C'est-à-dire?
C'est-à-dire que vous ne trouverez que de petits dessins dans l'album : une main qui se crispe, une goutte d'eau,… rien de plus. Le reste, ce n'est que du texte dans des cases. Et la calligraphie utilisée par Baladi nous sert un peu de matière première pour imaginer le reste. Alors, forcément, avec de telles contraintes, il doit être créatif : texte abondant dans une petite case pour un long discours décousu ou, au contraire, un simple mot isolé au beau milieu d'une case plus grande pour une impression de murmure, de solitude ; écriture hachurée pour traduire l'énervement ou difforme pour la lassitude… et des silences aussi, des bulles vides, des cases de toutes les formes, sans ordre apparent…
Après, c'est à nous d'imaginer ce que l'auteur ne montre pas : à quoi ressemblent les personnages, ce bar où ils se rencontrent ou la foule qui les entoure? On n'en sait rien. Rien du tout. Mais on se plaît à l'imaginer. Alors cet album, plus que n'importe quel autre, sera vraiment le nôtre, parce qu'on en aura fait ce qu'on aura voulu en faire. Tout simplement. Ce bar sera le nôtre parce qu'on aura repensé à celui qu'on fréquentait à une époque et dans lequel il se sera passé quelque chose d'important. Cette ville sera la nôtre parce qu'on l'aura recomposée à partir de nos souvenirs. Et ces personnages, on les reconnaît parce qu'ils nous auront fait penser à un ami, un frère, ou pourquoi pas à nous-même. Pas vraiment comme un roman car même le texte est épars : il ne décrit pas mais suggère, il ne parle pas de lieux mais d'ambiances, pas des paroles mais des sentiments.
Et ce qu'il y a de plus beau avec cet album, ce que ce n'est pas uniquement un exercice de style. C'est aussi (surtout) une histoire, celle d'une rencontre entre deux personnes, et même une très belle rencontre. Alors, Baladi réalise l'impensable : il nous fait aimer des personnages qu'on ne connaît pas, dont on ne sait rien, et qu'on ne voit même pas.
C'est pour tout ça que La main droite, hé bien c'est génial et il faut le lire. D'ailleurs, pourquoi la main droite ? |
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