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| D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été aussi entousiaste à la lecture du théâtre (Beckett, Bene et Racine en tête) qu'hostile à sa représentation; toujours déçu par la frontalité quasi murale de la scénographie, excédé par l'hystérie qui y règne, agressé par l'espèce de sport vocal qui le gouverne, machineries lourdes, rapport superstitieux au corps, j'en passe et des pires. Alors quel espace pour le théâtre hors du livre sinon le théâtre? Parfois, oui, le cinéma m'a conquis, l'Equus de Lumet, ou le Othello de Welles sont des réussites. Mais je n'aurais jamais imaginé que la bande dessinée pût être une terre d'accueil aussi favorable à une pièce* qu'en lisant le Macbeth de Casanave ; en quelques pages la distance inévitable qu'impose la lointaine langue de Shakespeare trouve un cours naturel, fluide, une forme de limpidité surprenante. C'est que le dessin n'est pas poseur, que la mise en scène est vive, sans paraphrase visuelle, qu'en quelque sorte, rien, dans cet album ne "déclame". Casanave évite les outrances de style sans rien ruiner de la puissance tragique du texte, et son dessin à la fois acéré et alerte donne un rythme saisissant, vivifiant, à la pièce. L'avantage de la bande dessinée, évidemment, est de nous laisser donner au texte l'écho de notre propre voix.
Casanave semble s'être donné pour spécialité le travail sur des textes théâtraux, si j'en crois sa biblio: "Les mammelles de Tiresias" d'Appolinaire, "Ubu roi" de Jarry, chouette programme. Autant dire que j'ai hâte de découvrir ça.
*j'ai pourtant de vagues souvenirs d'une Collection noire des humanos, avec notamment un Cid et un Hamlet, pas mal de dessinateurs espagnols; mais tout ça est assez flou. |
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