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| Las Rosas est un village de caravanes regroupées autour d’une station-service, perdu quelque part à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, on ne sait pas au juste de quel côté.
Las Rosas est un village de femmes : le shérif du comté est le seul homme adulte autorisé à y pénétrer. La principale distraction consiste à suivre les péripéties sentimentales des tele-novelas, feuilletons télévisés à l’eau de rose.
La nouvelle arrivante s’appelle Rosa : elle a des origines indiennes, un look de punkette, à peine 20 ans et un bébé dans le ventre. Elle a accepté de suivre le shérif à Las Rosas. Mais la jeune femme a ses secrets, et le village a les siennes...
Il est beaucoup question de menaces de mort, et d’un certain Angel, un jeune homme trimballé de centres de détentions en maisons de redressement, en passant par différentes cliniques psychiatriques. Sous le soleil du désert, les passions ne demandent qu’à s’exacerber et peuvent devenir meurtrières...
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  rohagus
| « Western tortilla à l'eau de rose », annonce avec humour la couverture de l'album. J'aime bien cette dénomination. « Western », parce que ça se passe dans un de ces déserts américains, dans une ambiance proche du film Bagdad Café. « Tortilla », c'est pour la touche mexicaine en sus, même si l'héroïne principale est en fait à moitié chinoise. Et « l'eau de rose » enfin, parce que cela parle beaucoup de sentiments, et puis aussi parce que ça finit bien.
J'ai immédiatement été charmé par l'atmosphère de cette histoire, une atmosphère qu'elle partage certes avec de nombreux récits ou road-movies dans les décors ensoleillés et loin de la civilisation urbaine de ces déserts façon route 66, le côté paumé du désert de Mojave et autres. On est dès les premières pages imprégné dans une communauté de femmes vivant recluses dans un camping sauvage adossé à une station-service qui est leur dernier lien avec le reste du monde. Elles ont choisi de vivre ici pour se réfugier de la vie, pour éviter les troubles de leurs passés ou simplement pour se ressourcer.
Le long premier chapitre de cet ouvrage est contemplatif. Aux côtés d'une jeune femme enceinte et rebelle qui vient d'échouer là, on découvre doucement les membres de cette communauté, les liens qu'ils partagent et les nombreux petits mystères qu'ils recèlent. Il fait chaud, le désert est poussiéreux, les routiers passent en klaxonnant et la nuit seules résonnent les discussions de femmes que la vie a amochées. Peu à peu se met en place un canevas de sentiments, amours et ressentiments, de secrets enfouis qu'il aurait mieux valu déterrer plus tôt pour leur éviter d'envenimer des situations malheureuses. Quand le fin mot de l'histoire se met en place, il apparaît à la fois simple et complexe, très humain, touchant.
Je suis tombé sous le charme. Les personnages sont tous excellents, avec des personnalités fortes et originales. Ils sont attachants malgré leur côté brûlé à vif. Le graphisme est doté d'une âme qui s'accorde joliment avec l'intrigue. En quelques courbes, sans trop de détails, il suffit à mettre tout ce petit monde et ces décors en scène, laissant l'imaginaire combler ce que le trait économe évite parfois de représenter. Le rythme de la lecture est lent mais prenant, malgré une petite baisse de régime passée la moitié de l'ouvrage quand celui qu'on attendait finit par se montrer enfin. La fin est l'aboutissement agréable d'une intrigue bien menée depuis le début, tenant la route tout en étant assez émouvante à mon goût.
C'est comme un bon film sentimental à ambiance, presque sans action mais avec de très bons personnages et un chouette décor.
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