|
| |
|
|
|
|
| Le Labyrinthe des Rasoirs |
Sexe, violence et philosophie, voilà pour le programme de ce manga coup de poing, extrême et malsain, interdit en Angleterre. Refusant toute limite, Le Labyrinthe des rasoirs met en scène meurtriers psychopathes, pervers polymorphes et victimes innocentes dans un déluge d’horreurs plus intenses les unes que les autres, passant d’Eros en Thanatos dans des histoires dont le lecteur ne sortira indemne. Refusant toute complaisance esthétique et toute gratuité, Jun Hayami explore sans aucune les blessures à vif de ses personnages.
Le livre est accompagné d’une postface où des lectrices interrogent l’auteur sur son travail. |
  herbv
| Le Labyrinthe des rasoirs est un recueil de dix histoires mélangeant sexe et violence extrême. Le premier chapitre met en scène une jeune fille qui est le jouet sexuel consentant d'un garçon particulièrement sadique. Tout le reste de l'ouvrage est dans la même tonalité avec des protagonistes dont le mal de vivre est souvent omniprésent, et qui recherchent tous les excès : Eros et Thanatos sont leurs dieux et ils conduisent les différentes destinées vers une fin invariablement dramatique.
Hayami Jun, l'auteur, est publié pour la première fois en français, malgré son ancienneté dans le métier. En effet, sa carrière a commencé dans le shônen manga à la fin des années 1970 mais, rapidement, il ne supporte pas les contraintes éditoriales qui y sont liées. Il devient alors auteur de manga érotique jusqu'à la fin des années 1980 avant d'abandonner la profession. Quelques années plus tard, il redevient à la bande dessinée mais pour exercer dans le domaine de l'horreur, avec une forte dimension sexuelle, généralement extrême, ce qui fait de lui un des principaux représentants du genre ero-guro.
L'importance qui est donnée à la pornographie nous éloigne des rives de l'érotisme. De même, il n'y a pas grand chose de grotesque ou de nonsensique dans les différentes histoires proposées, tant au niveau d'un dessin épuré, très daté années 1980, que dans les situations mises en scène. Perversions humaines, généralement issues d'esprits masculins, meurtres, mutilations, mal de vivre de jeunes filles qui cherchent une échappatoire dans le sexe et l'autodestruction, sont autant de thèmes que Hayami Jun explore sans tabou et sans second degré. À ce sujet, l'entretien proposé en fin de volume est particulièrement instructif sur la démarche artistique du mangaka.
Devant un tel extrémisme, que ça soit sur le plan des relations sexuelles ou celui de la violence décrite tout au long des 190 pages du manga, amplifié par un réalisme sans recul, à la fois dans la narration et le dessin, certains lecteurs risquent d'avoir du mal à apprécier leur lecture. Toutefois, la première et la dernière nouvelle sont particulièrement intéressantes grâce aux questionnements proposés par l'auteur. Il en ressort une lecture indispensable pour toute personne cherchant à élargir sa culture du manga, tout en sachant que l'avertissement concernant les moins de seize ans est vraiment à minima.
On ne peut que féliciter les éditions IMHO pour cette publication d'importance dans un catalogue qui s'étoffe depuis plusieurs mois grâce à de nombreuses perles du manga extrême. Le Labyrinthe des rasoirs a toute sa place à côté de Fraction de Shintaro Kago et nous rend encore plus impatient de découvrir Palepoli d'Usamaru Furuya. Il ne reste plus qu'à souhaiter que l’œuvre trouve son public en ces temps difficiles pour le monde de l'édition en général et de la bande dessinée en particulier.
|
|
|
|
|
|
| |
| |