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| “Terrorisme” est sans doute le mot le plus répandu dans l’actualité depuis le 11 septembre 2001. Koblenz et Clara se retrouvent confrontés, dans cette nouvelle aventure, à ce phénomène obscur des sociétés humaines.
Après la Ruhr, la mythique Carthage et le Japon médiéval, cet épisode de Koblenz (re)visite un Berlin industriel confronté à un groupuscule d’anarchistes. La capitale est victime d’une série d’attentats orchestrée par le mystérieux M. Ces anarchistes sont aidés dans leur entreprise par… Clara, l’amie de Koblenz ! |
  MR_Claude
| Thierry Robin est un auteur qui a son univers, c'est certain. Ce nouvel album ne déroge pas à la règle, et même plus, il la confirme. On retrouve comme au premier tome, l'Allemagne du début du 19ème siècle, et Thierry Robin y laisse de nouveau exploser son goût pour l'Art Nouveau, tout y est grandiose, grandiloquent, tarabiscoté... mais là où cela pourrait être maniéré, chichiteux, le dessin nerveux et anguleux de Robin va à l'essentiel, rendant ses planches parfaitement lisibles et dynamiques.
Il se permet même des variations sur la mise en page, le découpage, et parfois même des enluminures, en fonction des scènes à illustrer. La scène du grand magasin en serait presque exemplaire par l'«audace» de la composition générale des planches. Ca aurait pu être bêtement Rococo, faussement baroque, mais au contraire, cela rend parfaitement, à la fois le décor de l'action (un grand magasin gigantesque très Art Nouveau), et la sensation de malaise de Clara, d'urgence, avec toutes ces cases déformées, sans aucune ligne droite. Et ce, jamais au détriment de la lisibilité.
La séquence d'ouverture donne le ton de l'histoire, Koblenz en sera presque absent (mais au fond, est-il véritablement un héros dans cette série?), le ton sera noir, l'action dynamique. C'est l'occasion de développer le personnage de Clara, qui était déjà appelé à prendre de l'ampleur dans les précédents volumes. Jusqu'où aller pour aider Koblenz? Comment justifier les actes qu'elle va devoir commettre? Thierry Robin évite également l'écueil d'abaisser la portée des actions commises par Clara en la confrontant aux extrêmistes terroristes, ou à M, leur mystérieux chef. Car si elle agit par amour, et les autres par haine, le résultat est-il foncièrement différent? Ce malaise de Clara est palpable et ne se dissipera pas. Il est même probable que cela ait des conséquences sur les albums à venir, mais c'est pure supposition.
Voila donc certainement le meilleur album de la série. Le premier posait d'excellentes bases, le deuxième développait le côté exotique et fantastique de l'univers de Koblenz, le troisième était peut-être un peu en deçà. M Pour Anarchie renoue avec l'univers oppressant du premier, jouant avec brio sur les couleurs (le rouge, bien sûr, comme toujours, mais aussi les ambiances sombres, et le soin apporté aux couleurs de fond de page). Les dialogues, qui jusqu'ici, pouvaient parfois «casser» légèrement le récit par leur ton volontairement ironique et distancié, trouvent ici un parfait écho avec le personnage de M, grandiloquent, ouvertement méchant (un personnage de méchant presque à l'ancienne, ce qui n'a rien de péjoratif). Le côté Deus ex machina souvent inhérent au fantastique devient presque quantité négligeable, tant l'histoire repose sur d'autres éléments en plus de celui-ci.
En bref, à ceux qui désespèrent parfois de trouver des albums qui sortent du lot parmi les sorties au format «franco-belge», Thierry Robin montre que l'on peut compter avec lui, et que ce format sait encore fournir d'excellents albums, originaux (dans un thème vaguement fantastique que l'on dit souvent épuisé), personnels, et surtout maitrisés.
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