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  rohagus
| Karmen, c'est l'histoire d'un suicide amoureux, d'un ange et d'une rédemption.
Vivant à Palma de Majorque, Catalina et Xisco sont amis d'enfance et soudés comme les doigts de la main. Catalina est en réalité secrètement amoureuse de Xisco, mais ce dernier la considère comme une simple amie et sort avec d'autres filles. Quand elle réalise qu'il prend de la distance avec elle et se rapproche plutôt de sa jolie colocataire, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et Catalina décide de se suicider. Tandis qu'elle se vide de son sang dans la salle de bains, Karmen, une étrange jeune femme aux cheveux roses et en combinaison noire de squelette entre et vient lui proposer de sortir et de discuter longuement avec elle maintenant qu'elle est libérée des contraintes physiques de la réalité et de la vie. Ensemble, elles vont parcourir les rues et le ciel de Palma tandis que Karmen va tenter de montrer à Catalina un autre aspect de cette vie qu'elle a décidé de quitter afin de la faire réfléchir sur sa décision.
Guillem March m'avait déjà épaté par sa maîtrise graphique dans Monika et surtout The Dream. Mais dans ces albums là, la colorisation était froide et le style très étudié. Ici, les couleurs sont bien plus chaudes, plus naturelles, et les planches sont tout de suite plus attirantes. L'encrage aussi est différent, plus épais, plus vivant.
Ses femmes sont toujours aussi belles mais là aussi plus authentiques. Certes, leurs visages sont majoritairement de parfaits minois très charmants, rappelant parfois le style de Manara, mais leurs corps ne sont pas ceux des vrais mannequins qu'il nous montrait dans ses autres œuvres : ils sont ici plus réalistes, avec de menus défauts, ce qui n’ôte rien à leur charme bien au contraire. Je parle de ces corps car il faut savoir que l'héroïne va être nue sur la quasi totalité de l'album, mais pas un nu érotique ou aguicheur, un nu très naturel, très chaste, avec les parties intimes pudiquement cachées.
Je suis aussi tombé sous le charme de la ville de Palma de Majorque telle qu'il nous la présente. Ce sont des angles de vues originaux, des effets de lentilles, des retournements de caméras (puisque à certains moments, la gravité n'a plus d'importance), et cela nous offre une ville vraiment belle qui donne envie d'être visitée et qui sert de bel écrin à cette jolie histoire.
Les personnages sont bons. Et c'est tant mieux car nous allons en effet assister à une quasi psychanalyse de Catalina tandis qu'elle découvre ce qu'elle a fait de sa vie et ses erreurs d'interprétation qui l'ont poussé à prendre la mauvaise décision. En parallèle, l'énergie que dégage Karmen, si elle est un peu agaçante au départ, finit par la rendre attachante quand on constate sa sincérité et sa bonté d'esprit.
L'histoire en question intrigue au premier abord puis on comprend assez rapidement ce qu'il se passe même si on se demande où la fameuse Karmen veut en venir. Et quand on finit par saisir son objectif, les choses deviennent un peu plus prévisibles mais cela n'a rien d'un reproche car cela fait plaisir de suivre une histoire bien construite et qui se finit bien. Cette conclusion est un tout petit rose bonbon, mais elle a sa part de dureté, de tristesse refoulée et de promesses d'espoir.
C'est très beau, surtout graphiquement mais aussi par son histoire qui n'est pas mal du tout et capte bien le lecteur. J'ai vraiment pris plaisir à cette lecture. |
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