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| Petites réflexions pleines d'humour sur la réalité et sa transcription, sur la contrainte du travail et la liberté de l'émotion, sur les traits qui tentent d'arriver au dessin, sur le dessinateur qui dessine encore et encore, sur le dialogue sans cesse renouvelé du créateur et de sa création. Tout cela par un Nicolas de Crécy plus libre et pertinent que jamais. Dans Journal d'un fantôme, Nicolas de Crécy nous emmène avec lui en voyage. En voyageS pour être précis. Voyages au-delà des frontières pour commencer. Sans être vraiment casanier, Nicolas de Crécy n'aime cependant pas beaucoup voyager (trop loin). Car il lui faut prendre l'avion, et Nicolas déteste l'avion ! Dans Journal d'un fantôme, le vrai voyage proposé par l'auteur, est celui du processus créatif. Comment concilier créativité artistique et travail de commande ? Comment faire quand on est un dessinateur qui apprécie une certaine solitude, pour sortir, aller croquer le monde et s'exposer ainsi au regard trop curieux des autres ? Si cette situation est difficile pour un artiste, essayez d'imaginer combien c'est dur quand on est un dessin. Enfin un dessin, même pas, juste une ébauche. Une ébauche qui ressemblerait assez à une grosse patate. Et que de plus, quand on est exhibé sur la voie publique par son agent qui, lui, n'a qu'une envie… se faire mousser. Autre publication: | Les Nouveaux Dieux dans Japon |
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  thyuig
| Le voilà l'album, celui qui nous dit pourquoi, celui qui nous explique qu'on y pigera de toute façon jamais rien. Bien sûr, ce n'est pas un album, c'est un journal, une somme de références captées par une plume. Bien entendu ce n'est pas un album, c'est un journal vous dis-je, un nécessaire à reproduction, une revisionneuse essoreuse d'émotions, un prisme 2D pour un monde mono-centré sur la subjectivité, forcément. De Crecy y est intelligent, suprêmement. Il y trône en empereur créateur sur une oeuvre dans laquelle les dessins et les iconographies sont des dieux. Parce qu'après tout qu'est-ce qu'un dieu sinon une façon personnelle de penser l'inpensable, de se représenter l'absolu ?
Il s'agit bien là de la tentative de ce "journal d'un fantôme", ne nous y trompons pas, il s'agit de donner à voir la monstruosité créatrice de l'idée qui sommeille, qui germe lentement dans un cerveau créateur d'idoles. Pour le dessinateur, cette monstruosité s'appelle dessin, elle est la capacité à donner à voir sa vision du monde. Elle est la preuve que le monde n'existe que quand on le regarde, elle figure en quelque sorte. Dessiner revient à figurer sa subjectivité et De Crécy nous le démontre divinement bien.
Intéressant et bigrement bien réalisé, cet album étonne par l'intelligence de sa mise en abîme. On y cause de rien de moins que de la création de cet album lui-même, au travers du journal donc, mais aussi en montrant son cheminement graphique, son inventivité formelle.
De Crecy y plante ses doutes et ses errements sans jamais se départir de son idée motrice, il nous dessine sa propre angoisse créatrice, égratignant au passage avec élégance les figures très sexuées de la bande dessinée contemporaine. On se concentre sur le dessin, sur sa faconde évidente qui provoque inévitablement autant de niveaux de lecture qu'il existe de subjectivités pour le voir.
Bref, un grand album, un point de départ sans doute pour le lecteur, en tout cas pour moi le moyen de relire certains de ses livres avec un regard neuf. |
Coacho
| Il est des chroniques qu’on ne sait pas commencer.
Surtout paralysé par l’auteur, le texte, le dessin, l’œuvre.
De Crécy m’a toujours fasciné, impressionné, captivé.
Une sorte de balance oscillant entre mystique et grotesque habite son esprit et se ressent dans ses livres. Des extrêmes qu’il s’amuse à souligner dans la monographie qui lui est consacrée chez L’An 2.
En trois parties, l’auteur va prendre des chemins connus de lui seul pour nous parler de la création, du doute, de la remise en question, de la souffrance de l’auteur face à son œuvre.
Je ne vous donnerai pas plus de pistes ou détails car je ne voudrais pas dévoiler trop le déroulement du livre, ni vous priver du plaisir d’entrer dans les délices de la vision de l’auteur.
Sachez que cela pourrait être intellectuel, profond, théorique, prise de tête quoi, et bien ça l’est ! Mais avec talent, génie devrais-je dire, Nicolas De Crécy vulgarise son propos et la lecture devient aussi profonde que fluide.
Un bonheur absolu que l’on suit au rythme des traits de cet auteur qui se classe parmi les plus talentueux qu’il m’ait été donné de lire…
De liés en déliés, de griffures en hachures, de lavis en bichromie, d’arabesques en traits durs, De Crécy nous promène dans son monde, dans son processus créatif et nul doute qu’après avoir lu cet album, vous aurez un œil nouveau pour apprécier l’ensemble de son œuvre. |
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