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| Six années se sont écoulées depuis la sortie d’Hideo Azuma du pavillon des alcooliques dont les aventures nous sont relatées dans Journal d’une disparition. Nous suivons donc l’auteur dans sa vie quotidienne, rythmée par ses lectures aussi diverses que nombreuses ainsi que par les différents projets sur lesquels le mangaka planche. Ceux-ci, recueillant plus ou moins de succès auprès des éditeurs ou du public, nous font cependant découvrir l’intimité d’un mangaka. |
  herbv
| Journal d’une dépression est une œuvre autobiographique difficile d’accès pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle est constituée de neufs chapitres issus de différents supports de prépublication, de deux préfaces, d’une postface et d’un entretien avec l’auteur découpé en trois parties, ce qui en fractionne énormément la lecture. Ensuite, l’absence totale de tension narrative, voire même de narration tout court, tant le récit est composé de vignettes souvent indépendantes peut bloquer nombre de lecteurs. Sur presque 190 pages, Hideo Azuma nous narre ses journées répétitives composées de moment de déprime, de périodes d’inaction entrecoupées de courts moments de travail, en détaillant jusqu’à l’obsession ses repas et ses lectures. Enfin, les textes sont difficiles à lire et à comprendre. Entre un grand usage d’allusions concernant la culture populaire japonaise, de longues listes de titres d’ouvrages donnés à la fois dans leur titre original et leur traduction en français, et des phrases parfois construites de façon étrange, il est nécessaire de se ménager de nombreuses pauses dans la lecture de cette bande dessinée atypique.
En fait, il faut réussir à passer le long premier chapitre. Si on y arrive, on peut alors plonger dans des mondes fascinants, comme celui de la maladie, celui du travail de mangaka et des doutes qui vont avec, mais aussi celui de l’édition au Japon avec notamment ses librairies, bibliothèques et magazines spécialisés. Malheureusement, la quasi-totalité du temps, les informations sont données de façon très factuelles et ne signifient donc rien pour qui n’a pas une certaine culture populaire, notamment sur le manga ou la science-fiction. De plus, aucune clé de compréhension n’est réellement donnée sur la situation Hideo Azuma. Ainsi, comment comprendre que l’épouse, qu’on pourrait croire totalement absente du manga, est en fait désignée sous l’appellation « assistante A » (nous pouvons noter que l’assistante B est sa fille). En effet, l’auteur s’est marié avec son assistante de l'époque au début des années 1970, lorsqu’il commençait à être connu, et celle-ci a continué à s’occuper des finitions des travaux de celui qui est devenu son mari.
Si Hideo Azuma est un quasi-inconnu en Occident, il est considéré comme un auteurs de manga très important dans son pays d’origine, du niveau d’un Katsuhiro Otomo en ayant eu un rôle important dans le renouveau de la bande dessinée japonaise dans les années 1970-80, chose qui est évoquée page 71 du Journal d’une dépression. Outre une carrière plutôt remplie, il est considéré comme étant un des pionniers du lolicon, c'est-à-dire la fascination pour les jeunes filles en uniforme ou plus ou moins dévêtues. D’ailleurs, ce manga présente de nombreux autres aspects de la culture otaku (ces fans souvent enfermés et extrêmes d’animation, de mangas, de jeux vidéo, de maquettes, etc.) avec de fréquentes illustrations de jeunes filles en uniforme, des références permanentes à la science-fiction, aux émissions et séries télévisuelles, aux idoles (de jeunes célébrités fabriquées par les médias japonais), à la musique, etc. Tout ceci fait que ce manga est bien plus riche qu’il n’y paraît et qu’il va au-delà de la simple énumération des difficultés rencontrées dans la vie de tous les jours par un dépressif. Il s’agit donc d’une lecture passionnante si on arrive à adhérer à la démarche de l’auteur. |
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