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  rohagus
| Ah que j'aime le dessin d'Eric Maltaite ! Il me rappelle tellement celui des grands maîtres de l'Ecole de Marcinelle qui ont bercé ma jeunesse. Et son trait maîtrisé, clair et élégant s'adapte parfaitement à un récit comme celui-ci se déroulant dans la France de la fin des années 1960.
L'Instant d'après est un polar fantastique.
Un couple sort d'une aire d'autoroute. Les tourteraux se sont un peu disputés devant témoins. Ce n'est rien de grave puisque quelques instants plus tard, en voiture, ils se sont rabibochés. Sauf qu'en pleine discussion entre les deux, la femme disparaît brutalement, comme par enchantement, et le mari, sous le coup de la surprise, part dans le décor. Une fois réveillé à l’hôpital, tout le monde le soupçonne d'avoir tué son épouse et d'avoir fait disparaître le corps puisque personne ne l'a retrouvée. La sœur de cette dernière, revenue en France sur une intuition presque magique, va essayer de démêler le vrai du faux et découvrir que le cas de sa sœur n'est pas isolé.
Avez-vous vu le film Gone Girl ? Celui-ci partage avec cette BD le même concept initial d'une femme qui disparaît sans laisser de trace et d'un mari que tout accuse bien malgré lui. Autant Gone Girl se révélait plus tard une intrigue réaliste et sombre, autant l'Instant d'après joue volontairement la carte du fantastique. Avec une idée qui tient le récit : « s'il y a bien une chose que les gens refusent de croire en face, c'est l'irréalité ». Qui irait en effet croire que des gens disparaissent vraiment ainsi d'une seconde à la suivante ? La crédibilité voudrait qu'ils aient fugué discrètement, se soient fait enlever subrepticement ou aient été tués en cachette. Et si la réalité était bien plus incroyable, au sens strict du terme ?
Zidrou et Maltaite donnent une vraie atmosphère à leur récit. J'ai beaucoup aimé la manière dont ils font revivre l'époque de la fin des années 1960. C'est une foule de détails, des véhicules, des vêtements et un état d'esprit. Et Maltaite met cela parfaitement en images, c'est un régal visuel. On y note également quelques clins d’œil, comme l'apparition de Martin Milan notamment.
L'intrigue est prenante et tient plutôt bien la route. C'est avec appréhension que j'ai vu les dernières pages arriver car l'enquête battait son plein et que je l'imaginais mal atteindre une conclusion satisfaisante en si peu de pages. Les auteurs y parviennent cependant par une pirouette bien trouvée même si un peu trop pratique sur le plan scénaristique pour ne pas laisser un léger sentiment de frustration.
C'est pourtant bien là une BD vers laquelle je reviendrai et que je relirai avec plaisir. |
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