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| Les Ignorants - Récit d'une initiation croisée |
Par un beau temps d'hiver, deux individus, bonnets sur la tête, sécateur en main, taillent une vigne. L'un a le geste et la parole assurés. L'autre, plus emprunté, regarde le premier, cherche à comprendre « ce qui relie ce type à sa vigne » et s'étonne de « la singulière fusion entre un individu et un morceau de rocher battu par les vents ». Le premier est vigneron, le second auteur de bandes dessinées. Qu'ont-ils donc en commun ? Pendant un an, Étienne Davodeau va goûter aux joies de la taille, du décavaillonnage, de la tonnellerie ou encore s'interroger sur la biodynamie. Richard Leroy, de son côté, va découvrir des livres de bande dessinée choisis par Étienne, rencontrer des auteurs comme Emmanuel Guibert et Jean-Pierre Gibrat, participer à des salons de bande dessinée, ou encore visiter la maison d'édition Futuropolis. Étienne et Richard échangent leurs savoirs et savoir-faire, mettent en évidence les points que ces pratiques (artistiques et vigneronnes) peuvent avoir en commun. Au bout du compte, l'un et l'autre répondent à ces questions : comment, pourquoi et pour qui faire des livres ou du vin ?… |
  rohagus
| Cet album part sur une idée vraiment originale. Il s'agit en effet d'une plongée communicative dans les métiers et passions de deux hommes qui vont partager leur vie pendant un peu plus d'une année : d'un côté, l'auteur, dessinateur de BD donc, et de l'autre... un vigneron. L'idée de faire le parallèle entre ces deux professions semble étonnante et incongrue à première vue, mais on se rend rapidement compte de nombreux rapprochements dans la passion de ces deux amis et la façon très personnelle d'aborder leurs métiers pourtant si différents.
C'est une lecture intéressante et instructive.
Elle m'a permis d'en apprendre pas mal sur le travail de viticulteur, l'amour de la terre et la relation presque charnelle avec la vigne. Comme dans Rural !, on en apprend aussi un peu sur une part de l'agriculture bio, à savoir ici la biodynamie dont je ne savais rien. On découvre les différentes saisons d'une année autour de la vigne et de la production de vin, on accompagne les protagonistes dans leurs visites d'autres exploitations souvent très différentes et les discussions entre professionnels de la dégustation et de la viticulture.
En contrepartie, j'ai aussi été intéressé par les réactions de ce viticulteur à la découverte d'un univers de la BD que je connais bien mieux, à la lecture de chefs-d'oeuvre auxquels j'ai moi-même goûtés et à la rencontre avec d'autres auteurs affirmant leurs visions de leur art parfois éloignées et décrivant les voies qu'ils ont choisies.
Tout cela est donc bel et bien. Et pourtant je n'ai pas été passionné. J'ai même été parfois un peu ennuyé, notamment lors des chapitres abordant les techniques biodynamistes en elles-mêmes. Je n'ai pas non plus été franchement touché.
Graphiquement, par exemple, j'ai trouvé le dessin agréable, et quelques planches un peu plus artistiques très jolies comme cette route enneigée à un moment donnée ou quelques passages nocturnes et pluvieux. Mais globalement, comme le récit se borne le plus souvent à des discussions entre les deux personnages principaux, l'aspect « bande dessinée » peut parfois presque laisser la place au simple texte.
Alors oui, comme j'aime le vin, en entendre autant parler m'a donné envie de goûter à nombre d'entre eux que je ne connaissais pas. La lecture des Gouttes de Dieu avait d'ailleurs aussi bien attisé mon appétit même si le ton de ce manga n'a que bien peu à voir avec cet ouvrage. Mais voilà... Pour tout dire, j'ai lu cet album de manière un peu hachée car je suis sorti plusieurs fois de ma lecture qui ne m'a pas suffisamment absorbé. C'est en général mauvais signe.
J'en ressors tout de même satisfait car j'ai été intéressé et parce que l'exercice est original et instructif. Mais ce n'est pas un album que j'estimerais comme indispensable ni très marquant à mon goût. |
TangoFoxtrot
| L’idée de croiser les initiations est intéressante mais cet album n’exploite pas les ressources de la bande dessinée (comme le faisait, par contre, de manière originale Scott McCloud dans L’art invisible). Il donne à lire un joli récit – un poil trop didactique à mon goût – qui s’attarde sur quelques auteurs ou dessinateurs talentueux et reconnus mais qui ne révèle pas de nouveaux talents et aurait presque pu prendre la forme d’un texte.
Effectivement, j’ai trouvé la lecture plaisante mais pas mémorable. L’auteur semble surtout se faire plaisir avec un noir et gris agréable qui recrée, avec un certain succès, un plaisir bon vivant et légèrement romantique (le terroir, les vendanges, le passage des saisons, les potes…) Le sujet n’est pas tant la BD que la découverte de celle-ci par une personne extérieure à ce petit monde. Il y a quelques interrogations intéressantes (ex. Moebius, un grand auteur ? Je dirais oui, mais pourquoi ? Une fois retirée de son contexte, comment convaincre quelqu’un de la valeur d’une œuvre ?) Mais on perçoit que l’auteur semble plus à l’aise dans l’évocation du rapport à la terre et des gens qui la travaillent que dans le traitement de la BD, et le livre semble dès lors plus parler de vin, de paysages et de terroirs que de cases et de bulles. Mais les personnages sont assez sympathiques et, si l’on considère les réactions de rejet du vigneron face à certains albums ou l’attitude plus que dubitative de l’auteur par rapport à la biodynamie (sorte d’homéopathie agriculturale), ne tombent pas dans l’enthousiasme béat. On évite donc l’écueil du livre par un fan pour les fans. |
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