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| La force de l'éclair (1ère partie) |
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  Pierre
| Et voilà ! C’est avec un bonheur inouï que nous retrouvons notre bon vieux Harry. Pour ceux qui prendraient le train en marche, voici un résumé des épisodes précédents: « Urkanika » et « la Conquête ».
Harry Brown, modeste employé dans l’usine de Monsieur Lux, a sauvé la planète en mettant fin aux agissements de l’infâme Jothar, un être immonde assoiffé de pouvoir, qui, depuis son repaire en Urkanika, avait lancé ses robots à la conquête du monde. Mais les dirigeants de l’Etat ne se montrent guère reconnaissant envers le sauveur de l’humanité !
Ainsi commence « la Force de l’Eclair ». Harry se retrouve à la rue, condamné à dormir sous des cartons, avec ses compagnons : Auguste son fidèle camarade (le petit rigolo de la bande), Clémentine sa fiancée, Monsieur Lux son ancien patron et père de Clémentine, désormais ruiné, ainsi qu’Altesse le gentil toutou. L’hiver est rude cette année à Protopolis, la situation est intenable ! C’est alors que de mystérieux individus venus du fin fond de la planète prennent contact avec notre héros pour lui confier une mission hors du commun; mais en premier lieu, lui font subir une épreuve afin d’évaluer sa valeur, épreuve dont il se tire avec tous les honneurs. Quelle est donc cette mystérieuse «force de l’éclair » ? Harry parviendra t-il à la maîtriser ?
Une fois n’est pas coutume, je me suis laissé aller à raconter l’histoire de cet album qui n’est que le premier et court volume d’un cycle qui s’annonce passionnant. Mais en définitive je ne vous ai relaté que la trame du récit, or l’intérêt chez Séverin se trouve autant dans la manière et dans la forme, que dans les péripéties proprement dites.
Au fond que sont les aventures de Harry ? En quoi réside l’art inimitable d’Al Séverin ? Séverin est un dessinateur hors pair, reconnu comme tel par toute la profession, qui se singularise par son refus de l’emploi de toute documentation pour son travail, une posture qui relève de « l’honnêteté artistique ». Pourtant, il demeure un inconnu pour le grand public et ses œuvres ne touchent qu’une poignée d’admirateurs fidèles.
Pourquoi ? Parce que, et ce qui fait son incroyable originalité, Séverin n’est pas de son temps: imaginez, à l’orée du troisième millénaire, un auteur qui conçoive une bande dessinée à l’ancienne, dans la lignée de la science fiction naïve des années trente d’un Alex Raymond, au mépris de toute démarche commerciale. Séverin s’adresse avant tout à lui-même. Illustrateur le jour, auteur de bd la nuit, il ne vit pas de son art. Aussi, Séverin édite-t-il ses albums lui-même, en y apportant le soin méticuleux d’un artisan exigeant, mais il doit se contenter de petits tirages et évolue en dehors des circuits traditionnels de distribution.
En revanche, cette démarche lui confère une liberté que nombre de ses collègues pourraient lui envier. Cet homme est dans une réelle démarche de « l’art pour l’art ». Lisez Séverin parce que vous y trouverez de superbes dessins, une élégance sans pareille, un souci de l’esthétique constant, une composition savante des planches, lisez-le pour vous faire plaisir. Renouez avec le charme de la grande aventure, allez à la découverte de l’univers intérieur d’un dessinateur hors du commun dont les références se situent dans un monde qui n’existe plus, d'un auteur qui porte une affection sincère et touchante pour son héros. Séverin a déjà écrit les 15 prochains scénarios de la série, des scénarios qui ne demanderaient qu’à être dessinés s’il en avait le loisir…
Allez, soyez nostalgiques ! Commandez « la Force de l’Eclair » chez Several Pictures, 19, rue aux fleurs 1380 Hannonsart BELGIUM.
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alban
| 4 ans déjà que ce tome des aventures de Harry est sorti, j’ai profité d’un peu de temps libre pour le redéguster …
Quand on parle des œuvres d’Alec Séverin, il faut en premier lieu traiter de la forme de l’objet. En s’autoéditant, Alec Séverin a apporté une nouvelle pierre à la construction de l’univers de son héros phare (pour ceux qui l’ignore, la série s’enrichit également de superbes portfolios).
2 versions existent de cet album : la version «populaire » avec son tirage extraordinaire de 950 exemplaires, sa couverture brochée reliée à la ficelle, ses pages cartonnées (et oui je n’ai jamais vu un papier aussi épais pour une BD à un prix aussi bas) et la version luxe à 20 exemplaires façon fac-similés toilée avec un tissu vert. Alec Séverin a édité lui même ces deux versions et réalisé une bonne partie des reliures à la main. Comme d’habitude avec lui c’est un travail d’orfèvre comme il n’en existe plus dans la bande dessinée franco-belge actuelle. Tant pour l’originalité des tirages que pour le travail qu’ils représentent ces deux objets valent une note de 5/5. A noter que le tarif d’origine à 8 euros pour la version populaire était tout ce qu’il y a de plus raisonnable.
L’album est en noir et blanc et révèle comme d’habitude le dynamisme du trait d’Alec Séverin et son style est toujours aussi unique et rétro. Alec Séverin a du talent et son travail sans documentation se ressent dans la fluidité des traits.
Le scénario plonge Harry, héros incompris et trop célèbre pour le pouvoir en place, dans un abîme de pauvreté mais dont il semble tout à fait se satisfaire. A l’image de son auteur, Harry est un éternel optimiste que nul tourment ne semble pouvoir atteindre. Le pouvoir veut l’exclure pour que le peuple ne puisse espérer en cette icône qui pourra lui apporter son salut. Alec Séverin poursuit magnifiquement dans cet album la suite des aventures de son héros en ouvrant un nouveau cycle qui propulse de nouveau Harry comme futur sauveur du monde.
Si vous avez la chance de croiser l’un des albums de ce maître de la BD, je ne saurais trop vous conseiller de l’acquérir, Alec Séverin est inversement connu par rapport à la qualité de ce qu’il réalise.
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