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  wandrille
| Phillipe Dupuy a gardé dans cet album tout ce qui faisait le charme de "Monsieur Jean" : un ton intimiste et léger, un dessin inspiré, mais il y a ajouté le meilleur d'auteurs qui sont des proches du duo Dupuy-Berberian : Blutch, pour le lâcher du narratif vers l'improvisation graphique géniale, et David B. pour l'interprétation et l'illustration du rêve.
De ce mélange onirico-graphique, on ressort bercé et emerveillé, plus encore qu'on ne l'était à la sortie du fantastique "journal d'un album" des même Dupuy et Berberian.
Juste après la sortie d'un Monsieur Jean un peu décevant, c'est assez innatendu. Un auteur à suivre donc dans ses oeuvres solos, qu'on espère nombreuses.
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yancomix
| Un dessin loin du trait rond et épais des derniers Monsieur Jean, au contraire fin et nerveux, très séduisant, laissant beaucoup de place au blanc et au vide. Tout comme la narration, aérée, rythmée par des silences, des "trous"… comme autant de pulsations.
Dupuy, dés le premier chapitre, écrit (alors qu'il se dessine en train de courir comme chaque matin) :
« Chaque foulée s'accompagne d'une pensée… Et chaque pensée précède la suivante… Qui précède la suivante… Et la suivante… Et la suivante… »
Phrase programme.
Cette bande dessinée sera construite ainsi.
Par association d'idées Dupuy nous entraîne dans les méandres d'un cerveau qui vagabonde.
Comme un jazzman qui s'empare d'un thème musical, puis le déroule, le déploie, le tord, lui inflige de nombreuses variations, Dupuy enchaîne et improvise sur quelques obsessions qui le hante (et traverse tout son travail, comme la récurrence des doigts/mains/membres coupés que l'on trouve aussi dans Journal d'un Album, anecdote aussi rapportée dans par Trondheim dans Approximativement).
Cette référence musicale se trouve renforcée par le dessin lui-même qui sait se faire onde, vibration, crolle, parfois presque abstrait, à la limite de la partition du musicien.
Si Dupuy semble se livrer entièrement, il le fait avec une immense pudeur qui nous oblige à lire entre les lignes, à interpréter (comme un musicien interprète une partition).
Pour qui se donnera la peine, l'émotion qui émane de ces pages fera de cette lecture une perle rare.
Peu de bande dessinée dans ce registre séquentiel.
Je n'ai pu m'empêcher de penser à un livre précis de Paul Auster (écrivain que Dupuy citait d'ailleurs dans Journal d'un Album). En effet, dans Le livre de la mémoire Auster procède un peu de cette manière, par association d'idées qui s'enchaînent, trouvent leur développement plus loin, cherchent dans des thèmes différents la présence des mêmes anges ou des mêmes démons.
Une bande dessinée atypique, rare, à la beauté trouble des œuvres qui ne disent pas tout du premier coup.
Je retourne la lire… |
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