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| En mars 1919, les derniers soldats de la Grande Guerre rentrent à la Réunion où ils sont accueillis en héros. Mais le retour dans la vieille colonie n'est pas aussi joyeux qu'on peut l'espérer : les soldats ont changé durant la guerre, ils sont infirmes, révoltés, désabusés, et portent un regard amer sur une île qui a évolué sans eux. Evariste Hoarau et quelques autres démobilisés essaient tant bien que mal de retrouver une place dans une société où les tensions sociales et raciales sont vives, tandis qu'un mal foudroyant frappe la colonie : la grippe espagnole emmenée par le navire des soldats...
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  Gilles
| Décidèment, la collection Equinoxe de Vents d'Ouest accueille des albums de grande qualité. Après l'excellent Purgatoire de Chabouté, nous découvrons avec plaisir La Grippe Coloniale, une nouvelle série qui nous arrive de la Réunion.
Le récit d'Appollo est à la fois sensible, humoristique et poignant. Les personnages sont attachants et bien définis. Bien que fondé sur des éléments historiques, il ne s'agit pas d'un album historique dans son sens classique. En effet, le parti pris de la narration à la première personne et la forte présence des personnages lui donne une touche très humaine. Ceci est d'ailleurs renforcé par le dessin relâché de Huo-Chao-Si aussi à l'aise avec les personnages qu'avec les décors de la Réunion. Son style n'est d'ailleurs pas sans rappeller des auteurs tels que Christophe Blain ou tout en restant assez proche d'un rendu "ligne claire".
Bref, un très beau premier album d'une série dont on a hâte de lire la suite. |
CoeurDePat
| Lu juste après "Le front", de Juncker, j'ai été agréablement surpris. Là où "Le front" traite de la guerre en tant que telle, des moments de combats, de vie dans les tranchées, "La grippe coloniale" se déroule en revanche juste après, lorsque les valeureux soldats ayant combattu pour la patrie reviennent chez eux.
Cela aurait pu donner beaucoup de choses, être traité de bien des manières. Celle adoptée par les auteurs est un mode semi-sérieux, où l'on suit de façon pas très stricte le vécu d'une bande de quatre copains qui se sont connus pendant la guerre. Ces quatre personnages ont et montrent des points de vue différents sur la vie de l'après-guerre. Ainsi, l'un croit que parce qu'il s'est comporté vaillamment et a reçu des médailles, on va le respecter malgré la couleur de sa peau. Un autre est plus désabusé, plus cynique, plus réaliste aussi...
Tout cela est vu au travers de leurs petites péripéties, quand ils vont au bordel, qu'ils cherchent du travail, se font embêter par les policiers, se trouvent en présence du gouverneur, etc.
L'effet ainsi créé est un peu spécial et peut donner l'impression d'une histoire "faiblement cohérente". Personnellement, ces petites scènes qui se multiplient, ces histoires anecdotiques, ce ton ni humoristique ni dramatique, m'ont plu, comme si Appollo donnait de petits coups de pinceau de-ci de-là pour compléter un tableau : chacun pris indépendamment n'a pas beaucoup de sens, on peut trouver que c'est juste un assemblage hétéroclite, mais l'ensemble avec un peu de recul fait un beau tableau.
Comme en plus les faits relatés ne relèvent pas de la pure invention, c'est d'autant plus intéressant.
Le dessin de Huo Chao Si (il dit ne pas dessiner assez... pour un premier album -- avec toutes les difficultés que cela comporte -- je le trouve carrément réussi), lui, me plaît beaucoup, et par moments rappelle assez fortement celui de Blain. Il s'est concentré sur l'essentiel, et donc lorsqu'un décor est posé, il a tendance (volontairement, dixit lui-même) à ne plus le reproduire (surtout lorsque le décor en question est fouillé). Les couleurs de Tehem sont bien adaptées, et confèrent à l'ensemble un cachet bien particulier. On remarquera les fonds monochromes façon Astérix, qui ne gênent aucunement la lecture. :)
Au final, cet album, basé sur un fond historique sans cependant se prendre trop au sérieux, est très plaisant à lire, et personnellement je vous le recommande. |
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