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| Un mauvais rêve, l'abandon, le temps qui s'allonge, une pomme et des branches qui poussent : autant d'ingrédients pour une très libre petite adaptation minimaliste de La Métamorphose de Kafka. |
  c 6ril
| Hervé Carrier, connu aujourd'hui sous le pseudo d'Alexandre Kha, nous délivre ce petit (minuscule) album en 2002 aux éditions Tanibis (alors Thot l'Ibis).
Il signe ici un ouvrage poétique, mélancolique, dur et au fond tellement vrai. Il y est question de responsabilités, de culpabilité, d'abandon.
La Greffe, adaptation de 'La Métamorphose' de Kafka, est entièrement basée sur l'angoisse de l'existence humaine.
On se sent dans un lieu clos intimiste, comme enfermé et obligé de subir. Adapter l'œuvre de Kafka n'avait rien de facile, et on peut même penser l'exercice périlleux. Mais c'est bien une réussite, et la patte d'Hervé Carrier est passionnelle.
Absence de signification de la vie. Pas de questions dans la transformation d'Herman (le 'héros') en arbre , on voit juste ce qui est, ce qui ce passe, comme une fatalité qui peut vous tomber dessus à tout moment. La vie continue et se doit d'être vécue, ou alors, et bien il y a la mort.
Transformé en arbre et donc incapable de tenir à ses obligations, Herman ne peut donc plus subvenir aux besoins de sa famille, et devient inutile. Les difficultés commencent et s'enchainent ; se taire pour rendre sa présence supportable, se tenir tranquille pour se faire oublier, Herman prend racine dans son malaise et dans le mal être de sa famille.
Il finit par faire parti des meubles. Retranché de plus en plus, son espace ne cesse de diminuer au profit d'un nouveau locataire qui prend peu à peu sa place 'hiérarchique' dans la famille. Herman devient gênant, fait peur et signe de cet état en quelque sorte sa propre fin.
On parle de se débarrasser de lui : "débarrassons-nous de l'idée que c'est herman, nous avons cru cela trop longtemps et c'est là notre malheur". Mais à force de trop l'oublier au dépend des nouveau év2nements, ils ne sont pas aperçu qu'Herman n'était déjà plus... par sacrifice ou désespoir, il a fini par s'oublier lui même.
De cette disparition naitra un renouveau, comme si pendant tout ce temps Hermann n'était qu'un rempart, un obstacle familial. Dans l'indifférence la plus totale, le ralentisseur vient de donner un coup d'accélérateur à toute sa famille.
Herman a vécu, Herman est mort ; la vie, comme à ses débuts, continue, indifféremment. |
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