|
| |
|
|
|
|
  lanjingling
| C'est un paradis perdu, dans lequel l’équilibre nature-culture (la culture humaine, pas celle des courges) est parfait. Mais seuls les aspects positifs de la vie campagnarde sont montrés : il n’y fait jamais froid, il n’y a pas de récolte perdue, on est du côté des bons, contre les méchants fabricants de pesticides (alors que le livre est publié chez Dargaud, qui est aux éditeurs indépendants ce que Monsanto est aux agriculteurs bio indépendants). Et pour la culture, il y a les bons auteurs, dans le Panthéon des parents, et les autres, ignorants et prétentieux ; ainsi, dans une scène page 38, la mère dit, parlant de La faute de l'abbé Mouret de Zola, « il y a là-dedans un sacré tissu d'âneries... elle chercha les violettes... elle peut les chercher longtemps : les violettes fleurissent en mars, pas du tout ‘aux approches de l'hiver’... cette folle ignore que les jacinthes ne fleurissent pas après mars, que les pavots sortent en mai, et les soucis en avril », puis jette le livre, énervée. Si l’on vérifie ce que dit Zola, on trouve : « Cette fois, elle se rendit à ce coin mélancolique qui était comme le cimetière du parterre. Un automne brûlant y avait mis une seconde poussée des fleurs du printemps. »
Bref, qu’une gamine prenne pour argent comptant tout ce que disent et font ses parents est normal, même si la gamine est assez espiègle et délurée, mais il y a une mauvaise foi de la part de la narratrice adulte qui m’a un peu dérangé dans un livre vu par les yeux d’une gamine. Sinon, l’album est vraiment beau (le nom de la coloriste aurait d’ailleurs mérité de figurer sur la couverture au même titre que celui de l’autrice), et est sensible et drôle.
|
rohagus
| Les souvenirs de jeunesse de Catherine Meurisse dans la campagne du Poitou où ses parents ont acheté une ferme à retaper et un immense jardin à reboiser et cultiver.
Je me faisais de l'autrice l'image d'une artiste parisienne, sans doute du fait de son intimité avec Charlie Hebdo. J'ai réalisé avec cette BD qu'elle est en fait campagnarde d'adoption, ayant émigré de la ville vers les champs alors qu'elle était encore jeune et ayant donc appris la vie dans le verdure, les fêtes de villages et au côté d'exploitations agricoles. Son autobiographie nous plonge dans le monde rural des années 1980 mais aussi dans la vision pleine d'écologie et de culture littéraire que lui ont inculqués ses parents et sa sœur. Par le biais de tous ces moments passés, ces découvertes, visites et rencontres, on voit se forger l'esprit de celle qui deviendra finalement autrice de BD adepte d'humour et de caricature mais avec un solide bagage culturel en support.
J'ai été rapidement séduit par cet album. Même s'il conserve une représentation des personnages façon dessin de presse, le graphisme des décors est lui très soigné, esthétique et coloré. Cela donne de belles planches, aérées et agréables à lire. La narration, elle, est simple et coule très bien. Par l'ajout de beaucoup d'humour et de dérision, on est facilement plongé dans l'atmosphère de l'histoire. C'est souvent intéressant, et très souvent vraiment drôle aussi. Il y a aussi une certaine touche d'émotion, accompagné de bon sens paysan. Il n'y a que les assez nombreuses citations littéraires et autres envolées lyriques qui m'ont un peu refroidi, car je n'ai ni cette passion ni cette culture littéraire de la famille de l'autrice. Mais qu'à cela ne tienne, car pour le reste, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cet ouvrage.
Cela m'a permis de m'attacher à l'autrice en tant que personnage et je lirai sûrement ses autres œuvres avec un regard neuf et plus positif. |
|
|
|
|
|
| |
| |