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© Les Requins Marteaux

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Garduno, en temps de paix
ScénarioSquarzoni Philippe
DessinSquarzoni Philippe
CouleursNoir et Blanc
Année2002
EditeurLes Requins Marteaux
SériePhilippe Squarzoni, tome 1
autres tomes1 | 2
Bullenote [détail]

 

6 avis

Thierry
La mondialisation est un sujet particulierement brulant. D’un cote, il y a ceux qui lui sont favorables, martelant que la globalistation des marches est une opportunite extraordinaire pour l’Humanite. De l’autre, il y a les alter-mondialistes (puisqu’il ne fait plus parler d’anti-mondialistes) pour qui elle ne genere que plus d’inegalites. Une aubaine pour les uns, un croquemitaine pour les autres. Autant dire deux visions diametralement opposes.
Ce qui m’a toujours derange, c’est la simplicite des discours en presence. La rethorique d’un camp comme de l’autre parait se limiter a de belles declarations d’intentions et des idees parfois seduisantes mais souvent irrealistes. L’ultra-liberalisme a deja fait la preuve de son inefficacite. L’alter-mondialisme cherche une alternative au capitalisme sauvage mais semble privilegier les relations publiques et les effets d’annonce.
“Garduno, en temps de paix” est l’oeuvre d’un militant actif de la cause alter-mondialiste. Qu’attendais-je de cette lecture ? Un discours plus ‘constructif’ sur les theses alter-mondialistes. Et sans doute de la colere, telle celle que j’ avais ressentie a la lecture de “Che” de Breccia et Oesterheld ou “Palestine” de Joe Sacco. Au fil des pages, Philippe Squarzoni nous raconte son combat au quotidien, ses doutes, ses coleres et ses espoirs. Il propose des chiffres parfois edifiants sur la misere mondiale, quelle que soit sa forme. Mais a aucun moment je ne me suis reellement senti interpelle.
J’ai d’ailleurs du mal a saisir pourquoi je ne me suis pas senti plus concerne. Est-ce du a la narration trop classique adoptee par Squarzoni. Sans doute a-t-il voulu privilegier le fond a la forme, ce qui se justifie pleinement au vu de l’importance du sujet. Mais a force d’economie de moyens, il en arrive a desamorcer son recit, ce qui tranche de maniere incomprehensible avec la sincerite de son propos. Il echoue a nous faire partager sa passion. Le tout sent la lecon trop bien apprise et presente finalement les memes defauts que le discours alter-mondialiste: une rethorique un peu simpliste consistant a accuser la mondialisation de tous les maux et de belles theories qui ne me convainquent que partiellement. Hors les alter-mondialistes convaincus, je crains que cet album ne touche pas grand monde. Un deuxieme tome est prevu (“Zapata, en temps de guerre”) qui se penchera, entre autres, sur la creation d’ATTAC.
CoeurDePat
« Garduno, en temps de paix » est probablement l’ouvrage le plus militant et le plus intéressant que j’aie pu lire jusqu’à présent.

Il y avait en effet par exemple « Palestine » (j’ai détesté), « Rural ! » (qui se veut un reportage), mais on atteint ici un sommet. Le propos est entièrement tourné vers la mise en lumière de la mondialisation et de ses effets… disons mal connus.

L’argumentation de Squarzoni n’est pas magistrale. On n’en ressort pas effondré, convaincu, empli d’un feu révolutionnaire intense. Elle n’est pas non plus un chef d’œuvre de construction. Certains passages l’interrompent (à mon avis de façon un peu malvenue, mais bon), tout n’est pas expliqué, et surtout l’auteur ne cherche pas à convaincre.

Car la grande force de cet album, c’est qu’il pose des questions, et nous impose un questionnement sur des choses que l’on prend parfois pour établies. « Notre monde est comme ça, oui mais pourquoi ? Et quelles alternatives peut-il y avoir ? », voilà en somme quelques questions posées.

Et ça marche… Car le propos est intelligent et intelligemment construit. Au niveau visuel, le dessin paraît tout d’abord peu attirant, mais on réalise bien vite que Squarzoni maîtrise très bien ce qu’il veut montrer. Comme ces photos, reprises en dessin. Ou leur pendant, ces dessins que l’on retrouve après en photo. Comme également ces symboles, simples images liées à une explication et qui, revenant par la suite, nous rappellent le concept auquel elles sont liées. Comme encore ces caricatures de photos (Messier penché sur le globe Universal, et Hitler regardant le globe terrestre). Comme enfin ces itérations iconiques (p. 91) montrant les mêmes personnages dans des contextes différents, application magistrale d’un principe oubapien…

Ces procédés ne remplacent pas l’argumentation, mais la complètent superbement, en mettant en exergue une analogie, en appuyant une émotion par exemple.

Et le résultat est là : sans parler d’être convaincu ou pas, on ne peut pas ne pas s’interroger !

Le propos n’est – je le répète – pas de convaincre, mais de provoquer un questionnement. On ne pourra d’ailleurs que remarquer que l’auteur ne propose (n’impose) pas de solution. Le ton général de l’album me paraît d’ailleurs assez pessimiste au final, constat d’impuissance plus que d’autre chose. Reste cependant un espoir, et peut-être des alternatives. En tout cas j’attends le deuxième opus avec impatience.
Nirvanael
A la question, « cette BD ne convaincra-t-elle que les convertis ? », je réponds non.
J’'en suis la preuve vivante.
Evidemment, je n'ai jamais été membre du MEDEF, mais ce livre m'a dévoilé tout un tas de choses que j'ignorais, et que j'estime maintenant, pourtant, indispensables à savoir...

Maintenant, rapidement, ma critique de l'oeuvre :

"Il y a, au Mexique, un village dont le nom a été oublié par les cartes de voyage. Les paysans qui l'habitent disent qu'il s'appelle Garduno, en temps de paix... et Zapata, en temps de guerre."

Voilà les informations dont l'on dispose sur la C4. Et avec ça, on est loin de se douter jusqu'où ce modeste album d'apparence va nous amener. Nous y suivons le cheminement de l'auteur, qui prend conscience de l'état de son monde, des ravages du capitalisme néo-libéral, et des actions à la fois éphémères et concrètes qu'il décide de mener. Rapport à notre société de consommation, rapport à soi, à notre propre impuissance rongée de culpabilité et de frustration, rapport à l'autre et à son indifférence, pour finir sur ce qui pourrait s'apparenter à une lueur d'espoir, tout cela nous est donné dans Garduno, et avec beaucoup de simplicité, et paradoxalement, de force.

J'ai vraiment accroché sur la finesse des traits, un dessin précis et hachuré, qui nous fait visualiser des images illustratives plus que pertinentes, des anaphores.

A lire pour ceux qui désirent ressentir l'effet que ça produit de "sortir la tête de la matrice", même un peu. Après c'est à vous de voir, cette sensation de lucidité blasée ne dure que le temps de la lecture, ou vous pouvez la prolonger.
Préface de Ignacio Ramonet, les initiés connaissent, et, à ma plus grande joie, Zapata, en temps de guerre, est à paraître courant 2003.

Merci, monsieur Squarzoni, de nous avoir permis de lire une telle oeuvre. Vous avez toute ma gratitude.
Altaïr
Garduno... voilà une BD pleine de bons sentiments mais qui utilise des procédés trop malhonnêtes pour me plaire.

Tout dans ce livre est manipulation : manipulation des chiffres, tout d'abord, soit erronés soit interprétés de façon bien trop rapide et simpliste. Et manipulation par l'image parfois franchement limite, comme cette revisitation de l'histoire du chocolat en passant par les camps de concentration. Ou bien toutes ces nombreuses fois où Squarzoni accole à son texte une image qui n'a rien à voir mais qui en modifie profondément le texte. Ou encore manipulation dans le propos, avec un nombre incroyable de racourcis faciles.
Au final, on a l'impression de tenir un livre de propagande grossière et peu convainquante.

Comme en plus le dessin n'est pas terrible, que la narration est bancale et que la voix off est omniprésente, il n'y a à mes yeux pas grand chose à sauver de cette BD... si ce n'est qu'elle réveille, et que l'auteur est visiblement sincère. Mais bon, autant écouter l'émission "là-bas si j'y suis" de France Inter, qui poursuit le même but mais d'une façon nettement plus convainquante et intelligente.
Jezus
J'ai découvert, complètement par hasard, cet album chez mon libraire. Un playmobil sur la couverture, une phrase énigmatique en 4ème de couverture et rien d'autre...
Rapidement feuilleté, reposé, et je suis venu lire les chroniques de Bulle dair. Oeuvre à débattre puisque les notes varient du meilleur au pire et les avis sont assez divergent. Envie de lire donc...
Garduno, comme dit dans les autres critiques est écrit par un militant alter-mondialiste et il faut reconnaitre qu'outre la part informative qui est loin d'être négligeable, le propos est assez unilatéral, même si l'auteur met souvent ses doutes en avant, et parfois les arguments contraires aux siens via les avis de ceux de son père (économiste) ou de ses amis. On est donc loin de l'objectivité. Et alors??? Comme il le dit lui même tout dans le monde actuel n'est que propagande et il en est de même pour ce livre.
Fahrenheit 911 de Michael Moore a été décrié pour sa subjectivité et sa manipulation alors que le film a pour but de mettre en avant la manipulation du gouvernement Bush. Ce livre agit de la même façon, et dans les deux cas, je ne vois pas le problème d'utiliser les armes des autres pour se défendre.

Même si il n'a pas radicalement changé mon point de vue sur le monde, ce livre aura eu le mérite de me faire me poser quelques questions, et ça c'est déjà pas mal...
koko le gorille
Ce livre me hérisse. Le dessin est atrocement lourd, le propos dégouline de bien-pensance, et l'auteur prend grand soin de se montrer toujours du bon côté du manche, bien à son avantage. C'est un mélange peu ragoutant de prétention et de dogmatisme, illustré par un dessin scandaleusement calqué sur le travail de Fabrice Neaud, ce qui laisse songeur quand à l'honnèteté intellectuelle de Squarzoni, qui réalise là un véritable hold-up graphique.
Un ouvrage extrèmement antipathique au service d'une idéologie en conserve, réalisé par un plagiaire sans talent.

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