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| Luce a six ans. C'est une petite fille tendre et débrouillarde qui passe de paisibles vacances à la campagne chez son Papi, garagiste à la retraite. Luce est une gamine tout à fait normale… mais Luce voit des choses que personne d’autre ne semble voir : elle croise, presque partout, une petite fille drapée dans un crêpe noir, accompagnée d’un homme nu. Tout autour d’elle, de son Papi, des amis de celui-ci, Luce voit rôder la Mort. Tout d’abord, elle ne s’en effraie pas, elle se contente de regarder passer l’étrange couple sans rien dire. Mais le vieux Simon décide de mettre fin à ses jours. Dès lors, Luce commence à s’interroger sur la mort… la sienne et celle des siens. |
  wayne
| Attention album émouvant ! Springer confirme un tournant graphique et narratif pris avec « 3 Ardoises ». Le dessin est ici complètement au service de l’histoire et se pose en vrai vecteur d’émotion : case répétitives soulignant la solitude (superbe double page cadrée sur un chat qui mange au premier plan), grandes cases pleine page, cadrage sur des détails (panier, poignée, bol rempli de médicaments…), mise en page en damier (excellente planche avec la coccinelle)… Graphiquement, c’est un pur chef d’œuvre intelligemment orchestré.
Le récit est implacable, à la fois poétique et réaliste, léger puis lourd, et ça remue vraiment les tripes. C’est bien simple, l’histoire de Luce, fillette confrontée à la réalité âpre de la mort comme fait inéluctable de la vie, est sûrement la meilleure façon d’en parler sans chichis ni superflu. On nous présente d’abord la vie à travers les yeux de l’enfant et de sa relation avec son grand-père et c’est très plaisant et agréable, puis on sent une angoisse sourde monter, à travers des détails (une fosse de garage lugubre, un couple de personnages imaginaires intrigants que personne ne voit hormis Luce…). L’ambiance de ce passage obligé, cette douloureuse étape initiatique de notre vie, est en plus bien posée pour souligner la chose : petit village où les papys jouent au PMU et les mamies jasent et cancanent, mais où finalement la solitude ronge les cœurs. Et le plus tragique dans l’histoire n’est pas forcément la mort des êtres, mais ce qu’ils vivent (ou pas) avant la disparition de leur âme (joliment symbolisée ici par un objet poétiquement incongru)...
Quand on est à la dernière page où s’y perd une silencieuse image, seule, on sait qu’on tient là, une des meilleures BD de ce début d’année, philosophique et pleine d’émotion, qui fait appel à cette angoisse qui est en chacun de nous. A lire et à vivre absolument ! |
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