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  thierry
| Voici une merveille signée Eric Drooker, que Tanibis a eu la très bonne idée de publier en français. Lorsque j'avais lu « Flood! » pour la première fois, je ne connaissais pas le travail de Lynn Ward ou de Frans Masereel. A ma relecture, leur influence sur le travail de Drooker saute aux yeux. Drooker se place clairement dans la continuité de ses pionniers de la bande dessinée. Comme eux, il adopte la gravure sur bois. Sa ville est étrangement tentaculaire, écrasante et toute en lignes brisées.
« Flood! », ce sont 3 errances dans une New York fantasmée. Ce sont 3 personnages qui sont submergés par la ville. Dans le premier chapitre aux couleurs expressionnistes, un ouvrier se retrouve brutalement au chômage et entame une longue chute jusqu'à être avalé par la ville. Le second chapitre met en scène un homme se transportant en songe dans les entrailles du New York païen et joyeux, où il prend part à une bacchanale joyeuse avant d'être arraché à sa rêverie. Enfin, un artiste penché sur sa planche à dessin imagine un déluge engloutissant une ville où la police harcèle des habitants en quête de liberté, galvanisés par une pasionaria. Ces récits sont imprégnés de l'insécurité sociale des années Reagan. Chacun, à sa manière, illustre l'étouffement de l'individu face à une ville inhumaine et cruelle. On pourra trouver la vision métaphorique de Drooker facile, mais son choix des gravures aux traits volontairement indistinct, outre la référence évidence aux novels in woodcuts, justifie cette vision poétique et donne à ses récits une force universelle et intemporelle.
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