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| Sous un régime totalitaire, dans une usine qui produit des bombes, un homme, pour sauver une vie, fait acte de résistance. Alors que le régime veut éradiquer la culture, cet ouvrier va se faire un devoir de la transmettre. Convoquant visuellement aussi bien les Temps modernes de Chaplin que les dessins de George Grosz, Fabrica présente un monde imaginaire en prise avec une dictature impitoyable, qui rappelle à notre mémoire les pires moments de notre Histoire, de l’Allemagne nazie à l’Afghanistan des Talibans, en passant par la Russie stalinienne. |
  thierry
| Après l'Antiquité et la Renaissance, c'est dans l'époque contemporaine que Nicolas Presl situe son nouveau recit. Dans une société à mi-chemin entre "Les temps modernes" de Chaplin et "1984", un ouvrier recueille un enfant poursuivi par la police. Il le cache dans le seul endroir sûr qu'il connaisse: la machine dont il a la charge dans son usine.
Dans cette société toute entière tournée vers le travail, où l'usine apparaît telle une cathédrale, la musique est prescrite, les livres sont brulés et les artistes traqués. Fils d'un pianiste, cet enfant a echappé de justesse à une rafle, mais doit maintenant vivre au coeur meme du symbole de l'oppression: la Machine. Avec maladresse, l'ouvrier tente de reconforter l'enfant, mais quel espoir peut-il encore nourrir ?
Avec Fabrica, Nicolas Presl se situe plus que jamais en marge de la production actuelle. Il reste fidèle à son parti-pris de realiser des recits entièrement muets. De plus, son graphisme profondément original peut deranger. L'influence picassienne est revendiquée. Picasso prête d'ailleurs ses traits à l'ouvrier.
Mais ce troisième ouvrage semble egalement marquer une redite. On peut evidémment considerer Fabrica comme faisant partie d'un tout. Avec "Priape" et "Divine Colonie", ils forment une trilogie cohérente. Il est donc normal d'y trouver des similitudes thématiques ou stylistiques. Chaque récit montre les affres d'individus face à la force destructrice du destin. Il y avait le destin tragique de Priape. Il y avait la chute du jeune noble de "Divine Colonie", déchiré entre ses certitudes et ses aspirations. Il y a désormais l'ouvrier avalé par sa machine.
L'autre thème récurrent que développe Nicolas Presl est la différence... chaque recit confronte le personnage principal, de manière directe ou indirecte, a l'altérité. Dans "Fabrica", l'enfant et son père possèdent 6 doigts à chaque main, allégorie darwinienne de la fonction créant l'organe (Andrew Niccol imaginait également un pianiste a 12 doigts dans Gattaca), mais aussi prétexte de segregation sociale.
Enfin, les 3 récits utilisent des codes similaires, tel les personnage du "passeur", qu'il prenne les traits de Virgile ou d'un medecin du XVIIe, ou la construction narrative. On ne peut encore parler de procédé, mais, et Nicolas Presl semble conscient du danger, le risque existe de refaire sans cesse le même livre. |
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