L'Exilé est une fresque aux allures de tragédie ayant pour décor la communauté viking islandaise au Xe siècle.
Elle offre deux qualités essentielles. La première est la justesse de son cadre historique, bien documenté et crédible. La seconde est l'élégance de son graphisme.
Erik Kriek est un auteur néerlandais, illustrateur et graphiste. Son dessin est très classe, à base de bichromie dans les tons bleu gris avec des aplats de noir et par-ci par-là du rouge sang qui vient apporter son contraste et sa violence. Les planches sont très belles pour ce qui concerne les décors et les personnages et autres costumes. Il présente toutefois bien plus de faiblesses pour ce qui est des visages quand ils sont en pleine lumière. Et accessoirement, il est facile de confondre certains protagonistes. Donc ce n'est pas un graphisme parfait, mais je le trouve très attirant et plutôt agréable sur la longueur.
J'ai aimé la rigueur historique du scénario et la découverte du peuple islandais à cette époque. On notera le contraste entre une société vivant dans des conditions rudes et assez pauvres, et une civilisation viking avancée avec son assemblée du Althing mais aussi leurs connaissances géographiques et des commerçants ramenant des denrées de contrées aussi lointaines que Constantinople.
Et j'ai aimé aussi le réalisme global du récit : on est vraiment plongé dans la vie des ces vikings et dans leurs querelles. Les personnages sont plutôt bons. J'aime surtout le duo de compagnons du personnage titre, et à l'inverse j'ai détesté comme il fallait les deux pitoyables frères de Solveig.
J'ai par contre été déçu par l'incursion incongrue d'une petite touche de fantastique en fin d'album, d'autant plus qu'elle intervient à un moment clé et influe directement sur le cœur de l'intrigue... à moins qu'il faille envisager qu'il s'agit d'une énorme coïncidence. Ce retournement de situation-là a un peu gâché mon plaisir de lecture.
Pour le reste, c'est une bonne histoire de vikings avec un graphisme qui vaut le coup d’œil.