| Le titre en italien, Morti di sonno, se traduit par « État de veille ». Mais sonno, en italien, signifie « sommeil » : le sommeil de gens dont la vie s’écoule entre inconscience et conscience, indifférence et lucidité. Ces gens, ce sont les habitants d’une triste cité de banlieue, presque tous ouvriers à l’usine pétrochimique voisine. Leur sombre histoire est racontée du point de vue d’un enfant, Koper, et de ses amis désœuvrés – tous rejetons des employés de l’usine qui dévore leurs vies sans joie, tous forcés de grandir à l’ombre des tours d’immeubles, tous ayant fait de longue date l’apprentissage du renoncement. Mené sur quelques 350 planches avec une puissance graphique peu commune, Morti di sonno est un accablant réquisitoire contre toutes les formes d’aliénation et de déshumanisation de notre « modernité ». Ce roman graphique exceptionnel a obtenu le prix du meilleur album au Festival de Naples. |