|
| |
|
|
|
|
| Les pages d'ESCALES sont pleines de personnages sur le départ. Semblant émerger d'un songe inquiet, ils attendent sur un débarcadère vide le coup de corne de brume d'une improbable croisière. Des récits entiers s'esquissent autour de ces silhouettes pressées, qui complotent leurs expéditions dans la nostalgie du voyage idéal, et dont seul le trait aérien de Nicolas de Crécy pouvait exprimer la mélancolie. ESCALES est une nouvelle porte dans son esprit habité où l'on se perd avec plaisir. |
  Coacho
| Nicolas de Crécy… Rhaaaa… Voilà comment en une onomatopée, je dévoile tout l’aveuglement qui me frappe quand je parle de l’auteur d’albums aussi incroyables que Léon la Came, Prosopopus, Le Bibendum Céleste, Salvatore ou le récent Période Glaciaire… ou bien lorsque j’évoque son travail sur les Triplettes de Belleville…
Ce trait unique, nerveux et envolé, ces couleurs qui sentent la matière, celle que l’on peut palper… Enfin, sur les plus anciens albums car, pour produire un peu plus et vivre de sa création, il a été obligé d’accélérer le processus de mise en couleurs et s’est ainsi mis à l’utilisation de l’outil informatique pour ce faire. Et même si ce n’est plus le même relief, celui où on pouvait presque sentir sous ses doigts les petits pâtés colorés, cela reste de fort belle impression.
Mais là, cette digression sur les couleurs n’amène nulle part puisque dans Escales, il n’y en a point, si ce n’est, bichromie oblige parfois, un peu de marron ça et là pour agrémenter certaines esquisses…
Escales se veut un recueil de croquis et dessins qui invitent au voyage…
Et c’est parfaitement réussi.
Les panoramas croqués sur le format à l’italienne sont des ports, des terrasses, des lieux que nous ne connaissons pas et qui pourtant nous inspirent des endroits familiers… C’est aussi cela la force de Nicolas de Crécy…
Et puis les gens vont, viennent, humbles, fiers, ou grotesques, et alimentent de leurs mouvements chacune de ces esquisses somptueuses.
Le trait est toujours vivant, et ce quel que soit l’instrument utilisé.
Le fusain, le crayon gras, le stylo bille, la plume, l’encre de Chine… C’est incroyable avec quelle maestria l’auteur nous convie dans son imaginaire qui est un voyage pour l’Eternité.
Chaque dessin est le départ, au propre comme au figuré, d’une improbable aventure.
On s’imagine mille et une choses dans la contemplation de ces esquisses…
Et on en rit aussi…
Car fidèle à ses principes, et comme il l’expliquait dans la brillante monographie qui lui est consacrée aux Editions de l’An 2, il adore parsemer ses récits de gros chiens qui sont là pour souligner le grotesque de toute situation.
Et là, si je puis dire, il en truffe son ouvrage !
J’entends la sirène, le bateau arrive ou sort du port… J’y retourne et vous feriez bien d’aller voir de quoi il retourne, il se peut que vous tombiez vous aussi sous le charme !
|
|
|
|
|
|
| |
| |