| Marion s’approche de sa grand-mère et lui montre une photographie jaunie par le temps. Une date y est inscrite : 20 février 1948. On y voit une jeune femme souriante, heureuse sûrement … mais ce moment de bonheur ne rappelle rien à Guiseppina. Pourtant, elle finit par se dire que cela pourrait être elle, peut-être… Non… Elle n’a jamais été aussi souriante, elle s’en souviendrait. Face à sa grand-mère, Marion ne peut détacher son regard du visage ridé, fatigué, des mains parcheminées, usées. Elle ne peut s’empêcher de pleurer. Que reste-t-il des vingt ans de Guiseppina, de son enfance dans le Piémont, de son arrivée à Paris dans les années 30, et puis de son premier mariage, de la naissance de ses enfants ? Qu’elle avait été la vie de la jeune femme posant tranquillement sur cette photographie prise trente deux ans avant sa naissance à elle, sa petite-fille ? Recroquevillée dans sa solitude médicamentée, sans souvenirs, sans mémoire, Guiseppina est-elle vraiment la même que sur ce négatif de la réalité ? Guiseppina fête aujourd’hui ses 85 ans. La mémoire de Guiseppina est devenue incertaine. Peu à peu, ses souvenirs se sont éffacés, son propre passé lui est devenu étranger. En vérité, Guiseppina n’a plus vraiment toute sa tête. À ses côtés se tient Marion, sa petite fille, mais Guiseppina n’en sait plus rien. |