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| Yoshihiro Tatsumi est un des créateurs du gekiga, un genre de manga issu de la région d’Osaka qui a révolutionné la bande dessinée japonaise au tournant des années 1970. Il s’agit donc d’un auteur majeur mais très peu connu en francophonie dont on a eu l’occasion de lire le recueil Daihakken publié par Vertige Graphic en trois volumes (Coups d'éclat, Les Larmes de la bête et Good Bye). Grâce aux éditions Cornélius, un autre acteur majeur du monde de la bande dessinée dite "indépendante", nous avons enfin la possibilité de découvrir de nouvelles histoires du "gekigaka". Avec Dai hakkutsu, L’Enfer en version française, treize récits, publiés entre 1971 et 2003 (la plupart datant de 1973), nous sont donc proposés.
La première nouvelle, celle qui donne son nom français au recueil, est très représentative de l’ensemble des histoires publiées. Un ancien photographe de guerre a su saisir une scène marquante d’Hiroshima après la bombe. De nombreuses années après, il a réussi à la publier, ce qui lui a permis de sortir du chômage et de la précarité. Malheureusement, les apparences se révèlent être trompeuses et sa conscience va rendre sa vie encore plus infernale. Ainsi, Tatsumi réussit en moins de trente pages à nous montrer plusieurs aspects de la société japonaise d’après-guerre et à nous rappeler l’horreur du bombardement d’Hiroshima. Le ton est dramatique, l’atmosphère étouffante et aucun happy end n'est à attendre.
Que ce soit avec la prostitution, le jeu, la pauvreté absolue, le manque d’affection, la solitude, la misère sexuelle, la tyrannie, la folie, etc. l’auteur n’hésite pas à nous montrer les aspects cachés, honteux de la société japonaise des années 1970, celle du peuple, des petites gens dans leur vie de tous les jours. Tatsumi le fait avec brio, tout en sobriété et subtilité. Il démontre ainsi qu’il est un maître du gekiga et on en redemande. Surtout que l’édition réalisée par Cornélius est d’une grande qualité même si le choix des polices de caractère et la décision de ne pas retoucher les planches peuvent se discuter. Au moins, l’éditeur est crédible lorsqu’il affirme que c’est un choix artistique, à la différence de nombreux autres. |
jmmelo
| D’abord quelques mots sur l’auteur : Tatsumi a commencé son travail dans les années 50, mais lassé des productions infantiles, il se lance sous les conseils du maître Ozamu Tezuka dans un genre plus réaliste et psychologique, le Gekiga.
L’Enfer regroupe donc des nouvelles parues au Japon dans les années 70, ici édité par la très pointilleuse édition Cornélius.
L’enfer nous raconte la misère humaine, nous décrivant des drames auxquels les protagonistes ne peuvent échapper, protagonistes tour à tour victimes et coupables de leurs destins tragiques. Tastumi nous présente les vices et les faiblesses de l'homme, mais sans sentimentalisme ni caricature et grotesque.
Au fil de petits contes noirs, on rencontre le meurtre, le jeu, l’adultère, la solitude, l’exclusion, la misère sociale dans des mises en scène implacables où la chute est tragique et inéluctable. Tatsumi aime à nous rendre complice: devant une histoire dont la fin est évidente, dont les rouages nous sont connus, nous laissant contemplant, impuissant, redoutant, confirmant que l’Enfer est toujours pavé de bonnes intentions.
Mais jamais nous ne tombons dans la sensiblerie et la niaiserie, Tatsumi ne s’étale jamais, restant descriptif, ne jugeant pas, nous laissant le soin d’être compatissant ou accablant. |
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