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  thierry
| - J’appelle de l’Hôpital pour votre père il est...
- Je n’ai pas de père.
- Tout le monde en a un, madame, et le vôtre est ici. Dans le coma.
Une entrée en matière abrupte, comme un coup de théâtre.
Claire a 39 ans, et n'a jamais connu son père. Sujet tabou avec sa mère, et une vie qui s'est construite sans figure paternelle. Elle est désormais mère de famille, mais le père de ses enfants est souvent absent, en voyage professionnel. Il n'est présent que par l'intermédiaire du téléphone. Une autre figure paternelle manquante ?
Puis survient cette nouvelle, qui chamboule tout. Les questions fusent. Les réponses ne viennent pas... et le temps est compté, celui qui fut si longtemps absent du décor gît inconscient sur un lit d'hôpital, en train de mourir.
Si le sujet est classique, l'intérêt de ce livre est ailleurs, dans la patte si particulière d'Isabelle Pralong. Son trait dépouillé et expressif déroute et provoque. Loin des canons habituels, ce qui amène les commentaires habituels sur le mal dessiné de feignasse, le graphisme vibre, se tord, vit. Les personnages aux yeux démesurés semblent distincts de leur environnement, qui semble se dilater ou se contracter selon l'humeur.
Ce trait faussement malhabile agit comme révélateur des doutes et questionnement de l'héroïne, de sa difficulté de communiquer, hors de sa famille, des non-dits, des angoisses intérieures, des joies inexprimées... Un graphisme chargé de sens, qui dépasse sa simple fonction de montrer pour donner à voir.
Mais il ne faudrait pas en tirer la conclusion que cet éléphant est un livre lourd et difficile. Ce livre est léger, vivant, profondément féminin et vraiment réussi.
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