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  Matt Murdock
| Atrabile vient de sortir un album coécrit par Baladi et Ibn Al Rabin, dans la collection Sang. Difficile de savoir si l'histoire est une improvisation entre Baladi et Ibn Al Rabin. Il en va de même pour les dessins des deux auteurs, qui se mélangent allègrement. On reconnaît entre mille le style ultra minimaliste d'Ibn Al Rabin, avec des personnages dessinés comme des tâches noires, et avec juste la forme des bouches ou des cheveux pour les distinguer, pour faire passer les émotions. Mais cette fois-ci l'effet jusqu'au-boutiste d'Ibn Al Rabin est atténué par quelques éléments supplémentaires de décors, d'effets d'ombres, voire quelques visages qui sont dessinés. Sûrement l'apport de Baladi. Il n'empêche que cela fonctionne parfaitement, on imagine bien les deux auteurs travaillant tous deux, chacun apportant sa touche à l'autre (il est possible que je me trompe, néanmoins, ma curiosité sur le travail et la démarche des auteurs a été très présente lors de ma lecture).
L'histoire, enfin, assez absurde (dans le sens original du terme) présente deux personnages, dont l'un est un cocher, qui cherche à entrer dans un bal, organisé par la bourgeoisie. Nos personnages auront à grimper un escalier gigantesque, où ils croiseront plein de personnages étranges, notamment des terroristes habillés avec des têtes d'épouvantails, et des collants avec des formes osseuses. Faut-il y donner une interprétation politique (lutte des classes ?) ou bien existentialiste (les bourgeois sont tous habillés en squelette, ils sont donc représentés comme morts. Leurs conditions de bourgeois les rendent-ils morts dans leurs existences ?). Bref des interrogations, sur cet album très ouvert, sont venues pendant la lecture. Une très bonne BD, donc, pour cette fin d'année. |
vacom
| Deux hommes au pied d'un escalier qu'ils devront gravir pour aller au bal qui se déroule à son sommet. Un escalier interminable, véritable microcosme sorti d'on ne sait où et dans lequel se côtoient des personnages tous plus délirants les uns que les autres.
Alex Baladi et Ibn Al Rabin ont pour habitude de sortir des albums à part et celui-ci n'échappe pas à la règle. Réalisé à quatre mains, Dormez-vous ? est un univers en soi où se rencontrent le drôle et le tragique. Si les dialogues peuvent parfois paraître inutilement longs, ils sont pour la plupart finement tournés et emprunts d'une bonne dose d'humour. Le côté absurde du récit fait penser aux œuvres de Ionesco, tant par la déroute des personnages menés en bateau d'un bout à l'autre que par le foisonnement d'idées qui est au cœur de ses écrits. Et c'est la légèreté de ton qui prime pour exprimer des sentiments désabusés face à la réalité du monde.
La liberté de ton déteint sur la forme pour nous gratifier d'un album qui n'est pas d'un abord aisé. Il reprend les silhouettes qui faisaient notamment le caractère de Retour Écrémé et les allie à des décors épurés qui laissent au lecteur le soin de définir plus précisément le cadre de l'histoire.
Loin d'être un pur exercice de style ou un simple délire, Dormez-vous ? est un album drôle et intelligent, certainement pas parfait, mais qui montre que certains auteurs sont toujours doués de cette créativité qui fait la marque des grands artistes. |
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