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| Marvin, vieux et aveugle, est devenu le Roi Poussière. Sentant sa fin proche, il entreprend un long voyage jusqu'au légendaire cimetière des Dragons. En chemin, il rencontre un lapin rouge, fougueux et ambitieux, nommé... le destructeur. |
  feyd
| Les années ont passé depuis l’apogée du Donjon, et le monde de Terra Amata, tout comme ses personnages, a vieilli. On a du mal à reconnaître les anciens personnages de Donjon Zénith tant le temps les a métamorphosé. De nouveaux venus font leur apparition, comme Marvin Rouge, lapin fier et bagarreur, ou Pipistrelle, naïve chauve-souris, qui bousculent un peu ce monde dont le temps est comme suspendu.
Cet album a été le premier Donjon a sortir à une autre époque que les Zénith. Cette transposition apporte un regard nouveau sur la série et laisse imaginer un monde beaucoup plus riche que ne le laissaient suggérer les Donjon Zenith.
Le nom "crépuscule" n'a jamais été si bien choisi que dans cet album. Le "roi poussière" aveugle et fatigué me fait d’ailleurs un peu penser au personnage de Clint Eastwood dans le film Impitoyable : ex-terreur locale, un personnage usé et assagi, reprenant les armes pour une dernière fois.
L'ambiance est réussie, très contemplative, notamment dans les premières et dernières planches. Marvin Rouge, escorté par ses légendaires répliques et son agressivité persévérante, est le seul personnage avec les méchants de l’histoire à tendre vers le cocktail humour, baston et aventure qu’on retrouve dans les autres Donjon. Pour le reste l’ambiance pessimiste dépeint un monde à la dérive, des personnages en proie au doute.
Les Crépuscules suivants perdront d’ailleurs beaucoup de cette atmosphère fataliste en partant davantage vers l’aventure et l’action. Le Cimetière des Dragons me parait au bout du compte davantage comme un épilogue sombre et réussi que le départ d’une nouvelle série... Il faut bien laisser un peu de temps à Terra Amata pour se réveiller... |
june
| Si tous les scénarii de la série Donjon sont co-écrits par Trondheim/Sfar, on a tout de même l'impression, grâce à leurs oeuvres respectives, d'identifier ça et là les apports de l'un ou de l'autre; la série Crépuscule, à ce titre, sent bien l'empreinte Sfarienne, au delà même du dessin qu'il signe pour la majeure partie.
La période Crépuscule, comme son nom l'indique, se situe à la fin de l'épopée Donjon, bien après les aventures publiées dans ce qui constituera l'essentiel de la saga (Potron-Minet, puis Zenith, ainsi que Parade et de nombreux Monsters).
Le ton enthousiaste des débuts, la légéreté des aventures de Herbert et Marvin laisse ici la place à une gravité certaine : le déclin de Terra Amata telle que nous l'avons connue, les destinées dramatiques des principaux personnages de la série, tout cela dans un décor souvent très sombre, tels sont les ingrédients principaux de cette "série qui clôt la série".
Le dessin colle bien évidement à l'histoire : Sfar excelle depuis longtemps dans les ambiances putrides et moribondes, on peut sentir la détresse de certains des personnages au fil des pages, qui s'étalent comme pour donner un écho au scénario.
En trame de fond, l'éternel combat entre le bien et le mal, bien sur, mais surtout la toute relativité de ce célèbre concept; même si les dialogues peuvent être hilarants et les situations montypythoniesques, le climat de désespoir et l'inertie imposée aux personnages par un destin vraisembleblement implacable, semblent laisser le désenchantement, la corruption et la cruauté, régner en vrais maîtres du récit. Le réel constat étant non pas "qui gagne, les méchants ou les gentils ?", mais bel et bien "qui n'est pas corrompu par le pouvoir ?".
Marvin le Dragon (voir Zenith) est devenu le Roi Poussière, mis à l'écart par le Grand Khan, puissante entité apparemment maléfique, née d'une probable prise de conscience par Herbert de ses propres pouvoirs.
Il est dur d'aller plus loin dans le récit sans effeuiller tout ce qui en fait son charme.
Tout ceci reste assez flou, je vous l'accorde, mais la quête du Roi Poussière et de ses compagnons de route (glanés au fil des pages, comme l'impayable Marvin Rouge, lapin écarlate et hérault -héros?- du vieux roi...) fourmille d'idées grandioses, et est truffée de liens directs avec les autres séries; du coup, chaque nouvelle lecture d'un Crépuscule déjà paru apporte son lot de recoupement avec l'ensemble de Donjon...
...Et a chaque nouvelle lecture,on piaffe d'impatience, savourant la vision d'ensemble qui se dessine lentement à la découverte de l'ultime série Donjon... |
pikipu
| Le cimetière des dragons ou comment Sfar ne fait pas tout à fait du Sfar. On voit bien qu'il se retient de laisser partir le trait, qu'il fait attention à tout. Ne pas déborder, surtout ne pas déborder, tel est son credo.
Ca a du être difficile. Vachement même. Mais au bout du compte, quelle bande dessinée!
Je dois avouer qu'à la relecture de ce volume, je ne peux m'empêcher de trouver que c'est l'un des plus beaux de toute la série, peut-être même de toute sa production. Parce que pour une fois, dans son corpus étonnamment vaste (c'est qu'il est jeune le bougre), Sfar a du composer dans un univers qui existait un peu et qui n'était pas entièrement le sien... Trondheim avait déjà sévi. Sfar n'impose pas son style si personnel et son trait si particulier, il cherche. Il cherche un trait qui n'est pas forcément le sien et qu'il abandonnera dès le "volcan des Vaucanson". Mais dans ce livre là Sfar est en état de grâce, effleure des choses magnifiques. Pipistrelle et le souvenir de sa mère. Mégatêtard et son retard scolaire. Un Marvin quasi christique.
Et Pas de gros mots à deux francs. |
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