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© Kana

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Tome 1
ScénarioAoyama Gosho
DessinAoyama Gosho
CouleursNoir et Blanc
Année1997
EditeurKana
CollectionShonen Kana
SérieDétective Conan, tome 1
autres tomes1 | 2 | 3 | 4 | 5 ...
Bullenote [détail]

Les bases du manga sont posées: Conan habite chez Ran et il se sert de Kogoro pour résoudre ses enquêtes incognito. Ses gadgets lui donnent un côté "James Bond"

Shinichi Kudo est élève de première au lycée Tivedétec. Pour avoir résolu plusieurs enquêtes difficiles, beaucoup le considèrent comme «l’aide la plus précieuse que la police pouvait espérer». Un jour, alors que Shinichi se baladait avec sa petite amie Ran Mouri, il fait la rencontre d’hommes étranges vêtus de noir. Par curiosité et intuition, Shinichi les suit et comprend que ce sont des maîtres chanteurs. Découvert, on lui fait boire un poison expérimental pour le faire taire et l’effet est inattendu...: il rajeunit. Shinichi, aidé par son voisin le Dr.Agasa, inventeur génial et farfelu, décide de partir à la recherche de l’organisation secrète dont il a été victime. Il cache sa véritable identité sous le pseudonyme de Conan Edogawa, et se réfugie chez Ran, dont le père est détective.

 

1 avis

Mr_Switch
Un mot, une notion m’est délicieuse à l’oreille. La palatabilité. Cela définit dans un premier temps ce qui est aimable au palais, au goût. Mais plus encore, c’est ce qui caractérise un mets qui induit, pousse à sa propre consommation. Plus je mange de chocolat, plus j’ai envie de chocolat. Le chocolat à une forte palatabilité.
Une BD, un livre aussi peut mettre l’eau à la bouche et tenir en haleine. Ne pas réussir a décrocher d’un bouquin…

La cacahouète n’est pas un grand chef-d’oeuvre de la gastronomie et pourtant on y revient. (Pour faire dans la formule éculée : C’est frais, c’est fin, ça se mange sans fin...). « Détective Conan » n’a pas la prétention d’être un chef-d’œuvre. Mais cela se lit sans qu’on s’en rende compte, et on en redemande. Oh, la cacahouète écoeurera et « Détective Conan » va tourner en rond rapidement.
Mais « Conan », c’est bien une cacahouète Un petit rien inconsistant mais qu’on est bien content de retrouver.

Métaphorisons français ! Métaphorisons vin ! D’aucuns pourraient vous parler des heures et des heures des grands crus (que je compare donc implicitement à une grande BD). D’autres vous diront que les vins rosés, ça donne mal à la tête, que c’est du pipi de chat, que c’est toujours la même chose. Néanmoins, ces mêmes olibrius ne crachent pas dans ce p’tit vin rosé, l’été. Un p’tit rosé, c’est tellement rafraîchissant… Un p’tit Conan, malgré tous les reproches possibles, c’est bien sympa. Cela marchera d’ailleurs pour d’autres « Mangad’gare » (SwitchY©, quoiqu’au Japon, ce soit une réalité …)

Au-delà de cela, le monde bédéphile a bel et bien des comportements culinaires :
Tels des végétaliens, certains ne consomment que du strict franco-belge (soit de l’école de Marcinelle soit de celle de Bruxelles). Tels des végétariens, d’autres s’autorisent l’intégralité de la production francophone de Fluide à (A Suivre), de Treize étrange à Dupuis. Les uns ne jurent que par les sushi ou les comics, les autres par le tofu ou les indépendants, d’autres encore par le kebab ou le manga.
D’autres enfin sont de véritables gourmets et s’autorisent de tout : comics, manhwa, cuisine française, espagnole, argentine et même, et même manga.
Il y a la malbouffe, il y a les Bédérivés.
Au Menu, nous avons aussi parfois de la « nouvelle cuisine » : un service a l’assiette, belle présentation mais pas grand-chose a se mettre sous la dent. Il y a « Va et Vient », bel objet, bonne prise en main mais véritable coquille de noix vide… (Moi qui suis pourtant demandeur de beaux objets, comme celui-ci par exemple)
Non au diktat de la malbouffe ! Non au diktat du manger chic !

Un détective Conan se consomme sur le pouce ? Ben, oui. C’est bien ce que je lui demande. Un format facile à emporter, des histoires divertissantes et un nombre de pages suffisant pour tenir un petit moment.
Quand je dois attendre telle personne, tel événement, un p’tit détective Conan, c’est parfait. N’est-il pas fait pour cela ? Et jamais, je ne dis que tout doit être comme ce manga. La cacahouète ne fait pas un repas.

Les XIII, Largo Winch, Lanfeust des étoiles … se lisent aussi sur le pouce ? Certes. Nonobstant, ce n'est pas donné à tout album de me divertir, d’avoir le pouvoir de m'absorber n'importe où, n’importe quand. Je ne considère pas n'importe quel album comme étant capable de me faire passer un bon moment d'attente. Ce n'est pas donné d'être léger sans être nul. Les derniers XIII ne sont pas légers, c'est le scénario qui l'est.

De mon point de vue, ce type de manga a donc comblé un créneau bizarrement assez vide sur le marché français. C’est peut-être pour cela que certaines séries de manga ont prospéré, faute de concurrence réelle sur cette niche. Je dis ce type de manga, car l’hétérogénéité est aussi une réalité parmi les mangas, même si ce n’est pas évident.

Quand je lis un manga pour "m'occuper", c’est un moment de plaisir, un plaisir du moment. Je cherche à valoriser l’attente et non à dévaloriser l’ouvrage. C’est mieux avec que sans, pourquoi s’en priver !?

Mais viens-en aux faits, me direz-vous ! Que nous raconte concrètement ce Détective Conan ?
Voilà, voilà. Ca vient !
Shinichi Kudo est un jeune lycéen de 17 ans. Plein de charmes, il a les filles à ses pieds. Néanmoins, sans que ce ne soit dit, il flirte avec Ran Mouri. Championne de karaté, celle-ci n’en a pas moins un cœur d’artichaut. Cœur mis à l’épreuve par l’apparente indifférence de Shinichi à son égard. Kudo ne vit que pour sa passion : les enquêtes policières. C’est un détective reconnu et très demandé de la police elle-même (incarné par le commissaire « Maigret », ou l’art de se faire rejoindre Simenon et le manga). Pour compléter le tableau, le père de Ran est lui-même détective, mais dans la version incompétent et saoulard du modèle.
Apres une enquête expédiée, montrant le ton invraisemblable de la série, Shinichi prend en filature deux sombres hommes en noir. Démasqués, ceux-ci l’empoisonnent. Mais au lieu de le tuer, le poison le fait rajeunir physiquement de 10 ans.
Voila notre héros d’une capacité de déduction inouï prisonnier du corps d’un bambin de 7 ans. Shinichi prend alors un nouveau nom pour passer incognito, en hommage à son idole : Conan (Doyle).

Le postulat utopique de départ est posé. Les nombreuses enquêtes, qui ne baignent pas dans un fantastique débridé si on excepte l’existence même de Conan, peuvent commencer. Conan va quand même s’équiper de gadgets plus ou moins extravagants. Mais le fond des enquêtes reste plausible (je n’irai pas jusqu'à dire réaliste). Ce sont les moyens et le point de départ qui le sont moins.
A l’heure où je commence ce texte, début septembre 2005, un rapprochement avec Astérix me tente : Les aventures d’Astérix ont un point de départ dans la chimérique potion magique. Cela dit, le fond des aventures reste ancré dans l’Histoire (plus ou moins parodiée). Le recours à des artifices fantastiques, glands a croissances rapides, potion hypercapillaire etc., reste accessoire. La trame de l’histoire garde une optique pragmatique, c’est plutôt la broderie autour qui s’autorise de la science-fiction.
L’avenir va venir bousiller définitivement la légitimité de mon exemple. Toutefois, vous comprenez l’essentiel !


Pour ajouter du piquant et du vaudeville à cette sauce, Conan se voit hébergé par Ran. Celle-ci, amoureuse de Shinichi, ne sait bien sûr pas qui est vraiment Conan. Viendront s'additionner à la liste des faire-valoir, le savant un peu dingue Hiroshi Agasa (le seul à savoir tout de sa double identité) et ses nouveaux amis des « Détectives Juniors ».

Au premier tome, Conan ne semble souhaiter qu’une chose : retrouver ces sombres oiseaux de malheurs qui l’ont ainsi empoisonné. Après plusieurs tomes, cet engagement va s’estomper un peu. On peut le regretter mais ce n’était qu’un prétexte de départ. Du moins, je le vois ainsi. Ce n’est pas une série faite pour progresser.
Si Conan devait réellement retrouver les hommes en noir, il y aurait le problème de l’antidote. Soit elle existe et Conan ne peut effectivement que chercher à la retrouver, comme pourrait faire supposer ce premier tome. Et les enquêtes passeraient donc à la trappe. Soit elle n’existe pas et Conan doit se résigner, ne pouvant laisser Ran dans l’ignorance.
Si Conan venait à retrouver sa taille normale, la série n’aurait plus raison d’être.
Car l’intérêt, c’est de voir le gamin résoudre les enquêtes de Mouri, le père de Ran, à la place de celui-ci et à son insu. Il se voit le plus souvent endormi par Conan (grâce à un gadget). L’enfant se cache et parle, ensuite, dans un autre gadget pour prendre la voix de Mouri. Enfin, il énonce en toute impunité la solution de l’enquête à une police baba devant le détective tout à coup zen. C’est le running gag final de toutes les affaires élucidées.
Les enquêtes sont assez variées dans les premiers tomes. Ensuite, je ne doute pas que ça commencera à être répétitif. Tant pis. On passera à autre chose.

Le dessin est vif et lisible. Il reste dans les limites du classique.

Vraiment, il ne faut voir cela que comme un bon Mangad’gare, un petit truc sans prétention. C’est délassant et on en redemande. C’est déjà beaucoup.
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