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  Mr_Switch
| Desserts en bande dessinée est sans doute le livre culte le plus inconnu...
Allez, que ceux et celles qui le connaissent lèvent le doigt vers la webcam. Oui, voilà, il n'y a pas foule. Or, une rapide petite recherche de ce titre, pourtant banal, vous offrira des « fans de... », des « livre culte », des « j'l'adore », des « le livre de cuisine qui m'a donné envie de cuisiner, il y a 20 ans », des « génial », des « le livre idéal, pour les enfants, pour tous », des « recettes succulentes »... Bref, voyez vous-même ! Si ça se trouve, même Guillaume Long en est un zélé fervent qui s’ignore.
Remarquez, donc, le plébiscite (il y a eu plusieurs éditions : environ une réédition par an dans les années 1980). Le livre n'est pas si rare, juste méconnu. Remarquez aussi comme ce sont les recettes qui sont saluées, voire l'objet lui-même. Que ce soit de la bande dessinée paraît être, non pas négligeable, mais pas un phénomène en soi. Le passage par la bande dessinée semble bien, ici, n'être qu'un moyen, une manière et non un but. De fait, j'ai toujours lu, consulté ce livre pour avoir des recettes en bande dessinée et non des bandes dessinées de recettes. Par conséquent, le titre n’est pas mensonger et surtout il est tourné dans le bon sens. A la bonne heure ! Remarquez enfin, la propension des gens à dire « mon livre » et les témoignages de transmission intergénérationnelle de ce livre.
Vous vous demandez quel intérêt à ce livre en 2010 ?
Il y a quelques semaines, en refeuilletant ce livre (que je n'avais pas ouvert depuis quelques temps), je me suis surpris à rêver devant, à cuisiner intérieurement. Une nostalgie de l'enfance, d'un temps passé ? Sans doute en partie. Mais j'ai vraiment eu envie de me remettre aux fourneaux. Preuve que ce bouquin n'est pas qu'un simple outil, un simple gadget passeur de plats. Il permet aussi de provoquer l'envie de cuisiner.
Voilà plusieurs décennies que j'y reviens à ce livre, comme dit précédemment. Un livre aux recettes aussi simples que bonnes. Hélène Vincent était (est) réputée pour ses recettes. Ici, ce ne sont que des « desserts ». Ne vous y trompez pourtant pas, la dame n'était pas qu'une entremetteuse de l'entremets mais bien une cuisinière accomplie.
Petite anguille sous roche, les 130 recettes ne sont pas en bandes dessinées. Bouhhh, perfidie ! Seulement une quarantaine le sont, sous forme d’une planche, placée en page de gauche. Les autres sont présentées par un court texte, en page de droite. Ce ne sont généralement que des variantes de la recette illustrée. En dédommagement, il y a les superbes, et surtout appétissantes, photographies. Vingt-cinq, pas une de plus
Ce livre n’est pas « culte » car en bandes dessinées ; cependant il ne serait pas « culte » s’il n’était pas en bandes dessinées. C’est, du moins, mon sentiment.
Ce que l’on voit immédiatement, c’est le dessin. Un dessin désuet, daté, mais qui fait vraiment le charme. Je ne sais qui fait quoi parmi les deux auteurs - cela fait 30 ans, ou presque, que j’imagine que ce sont deux dessinatrices. Et pourquoi ne seraient-ce pas des hommes ? – mais l’ensemble est homogène.
Chaque recette traitée par les deux crayons bénéficie d’une introduction, historique, humoristique ou simplement circonstancielle (ou encore tout à fait risible, certes). Il s’agit d’une vignette unique mais c’est une véritable amorce, une invitation à se plonger dans cette recette.
Viennent ensuite la liste des ingrédients et tout le protocole de préparation. On peut y voir des dessins simples de gâteaux parmi les plus appétissants qu'il m'ait été donné de voir (aaah.. la préparation du gâteau viennois…). Surtout, intervient tout un bestiaire anthropomorphique qui m’a marqué durablement.
Ah, les œufs aux yeux bleus et à la houppe jaune d'oeuf... Les minuteurs, les citrons, les crêpes anthropomorphes. Les sachets de levures, la Maïzena anthropomorphes... Tout un poème ! Et oui c'est un livre à part entière, mais vendue par une filière publicitaire (pour quel produit ? Alala c'est difficile à deeeeviner...). Jamais une liste d’ingrédients ne fut aussi attractive !
Oui, vraiment, ces œufs mutins m’ont marqué. Ils se sont, bien sûr, un peu magnifiés dans mon imagination. Je les revois se chamailler sur la recette du linzer torte (dont la pâte contient de l’œuf dur ! Mais si, mais si). Il y a aussi la bande des fruits que j’ai longtemps identifiés à Fruity Frank ou encore ce gâteau de Savoie si léger qu’il est oiseau tout en restant appétissant.
En réalité, le bestiaire n’est pas si extraordinaire, ni systématique. Le dessin est parfois maladroit quand on s’y arrête. Sans doute, autrui ne serait pas aussi enthousiaste. Pourtant, cet ouvrage donne diantrement envie !
Les protocoles sont classiques, rapides sans être télégraphiques. Pour la crème anglaise, crème relativement complexe à réaliser, la recette explique calmement, sans esbroufe qu'il y a des instants cruciaux pour une bonne réussite, qu'il y a quelque technique pour essayer de rattraper le coup, le cas échéant. Les recettes ne se cantonnent pas au b.a.-ba., puisque qu’un Paris-Brest est au menu par exemple.
Ce livre, de bonne fabrication (résistant aux outrages du temps et des éclaboussures), aux vraies recettes, à la présentation et au propos intelligents est finalement la meilleure publicité possible pour cette filière de l'alimentaire. J'avoue, je crois que ce livre m'a conditionné. J'ai une bienveillance pour la Maïzena© que je ne saurais expliquer. Pas de doute, la meilleure levure, c’est Alsa©. Cela dit, le livre ne fait pas dans le prosélytisme outre mesure, ce qui est encore plus fort de leur part (C’est même gonflé, c’est même Vahiné©). |
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