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| Des-agréments d'un voyage d'agrément |
Edité originellement en 1851 par « Aubert & Cie »
Réédité en 2013 par les éditions 2024.
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  rohagus
| Après Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la Sainte Russie, c'est le deuxième ouvrage de Gustave Doré que je lis et je dois dire que j'ai davantage accroché à celui-ci. Il faut dire qu'il se rapproche beaucoup plus d'une vraie bande dessinée au sens moderne du terme, que sa narration est plus fluide et que son texte est moins fastidieux à lire.
Gustave Doré fait partie des pionniers de la bande dessinée du milieu du XIXe siècle, quelques années après Töpffer. Avant d'être un raconteur d'histoire, c'est surtout un grand illustrateur et dessinateur. Même s'il était tout jeune au moment de la parution de cette BD (il avait 19 ans), c'est la beauté de son trait qui ressort de ses planches. Il se rapproche des gravures caricaturales de Daumier qui lui était contemporain. C'est vraiment très beau.
L'ouvrage en lui-même est une parodie de carnet de voyage. Il se présente comme celui d'un personnage imaginaire, M. Plumet, petit bourgeois parisien qui, pris d'une lubie soudaine, décide de partir avec sa femme en vacances dans les Alpes et peut-être d'escalader le Mont Blanc. Dans ce carnet, M. Plumet raconte ce qu'il a fait et vécu, se mettant en scène le plus souvent en véritable narration séquentielle de bande dessinée et quelques fois aussi par des illustrations et croquis.
Gustave Doré joue sur le média de la bande dessinée. Pour commencer, il y a une mise en abîme puisqu'il apparaît lui-même en tant que personnage dans ce carnet fictif discutant avec M. Plumet et lui précisant même qu'un si joli carnet mériterait d'être publié chez Aubert, son véritable éditeur. Ensuite, il joue sur l'objet lui-même. Une grosse empreinte de pas traverse une planche où M. Plumet raconte que quelqu'un a marché sur son carnet. Une grosse langue de vache en traverse une autre quand M. Plumet raconte qu'une vache vient de lécher son précieux ouvrage et de manger les fleurs qu'il y a collées.
Seul regret, la mise en page des cases (sans bordure soit dit en passant) n'est pas toujours claire, on hésite parfois sur l'ordre dans lequel les lire (gauche à droite ou bien haut en bas ?). Certaines cases du début de l'album donnent l'impression d'être dans le désordre. Et je crois bien que les pages 2 et 3 ont été inversées dans l'édition de chez 2024, même si ce n'est pas évident. Bref, le début d'album est légèrement laborieux à lire.
Mais par la suite, l'auteur (ou le lecteur ?) semble trouver ses marques et la lecture devient plus fluide. L'humour peut alors ressortir, et s'il n'est pas toujours hilarant, il est sympathique surtout quand on sait de quand date l'ouvrage (quoique Monsieur Jabot et autres histoires, pourtant paru presque 20 ans auparavant, m'avait paru plus drôle encore). Il y a un passage, celui où Mme Plumet suit l’ascension de son mari à la longue vue, que j'ai trouvé excellent, tant dans la narration que dans l'humour. L'escalade où ils doivent s'aider de la tête tant ils sont tombés m'a franchement fait rire.
Bref, c'est un ouvrage de grande valeur sur le plan de l'Histoire de la BD, car c'en est une au sens moderne du terme et qu'elle date de 1851. Son graphisme très classique est de toute beauté et son humour parfois très bon. Sa réédition aux éditions 2024 est en outre de superbe qualité. Seule une narration un peu laborieuse et un style qui a parfois un peu mal vieilli m'empêchent de la conseiller vivement. |
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