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| Dépenaillé, les yeux brûlants de fièvre, Déogratias erre dans les rues de Butare, au Rwanda. Déogratias, pauvre fou, a besoin d'urwagwa, toujours plus d'urwagwa, la bière de banane. Pour oublier. Pour oublier qu'il n'est plus qu'un chien terrorisé par la nuit. Pour oublier les cauchemars qui le hantent. Pour oublier que lui, le Hutu, a lâchement assassiné les femmes Tutsi qu'il aimait. Mais peut-on effacer de son esprit et de son corps la trace poisseuse du sang et le goût salé des larmes ? |
  nyl
| Un soir d’insomnie. Pourquoi ai-je lu Déogratias un soir d’insomnie ?
Du coup, j’ai arrêté de penser à mon nombril. Déogratias m’a pris au ventre plus que tous les documentaires que j’ai pu voir sur le Rwanda. Les souvenirs d’un jeune Hutu tombé dans la folie après ces évènements qui semblent l’avoir dépassé. Toute l’horreur et l’incompréhension de cette guerre « pour rien » comme beaucoup de guerres. Le tout dans un univers coloré, lumineux, et même chaleureux. C’est peut-être cette opposition qui est si forte.
« Il ne reste plus que des cadavres, des chiens ou des fous ici ».
Pour moi une phrase choc que je ne suis pas prête d’oublier. Je n’ai pas l’impression de l’avoir lue mais de l’avoir entendue. Un scénario qui ne fait ni cadeau ni concession, qui n’excuse rien ni personne, mais qui en dit long. Beaucoup sont morts. Déogratias est vivant. Quoi que je n’en sois pas si sûre... Stassen en avait gros sur le coeur, il le fait partager à ses lecteurs. Il nous livre son ressenti sans nous épargner. Rien d’impudique ni de choquant. De la violence, et beaucoup de sentiments.
Une histoire qui ne m’a pas laissée indifférente. |
petitboulet
| wow! Dur, sans concessions, sont les deux premiers qualificatifs qui me viennent à l'esprit concernant Déogratias de Stassen. Déogratias est le nom d'un jeune Hutu. Stassen nous fait vivre son histoire avant et aprés les grands massacres. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas tendre.
L'histoire commence avec Déogratias qui erre dans le village après le conflit. Il a l'air d'un clochard, complètement perdu et alcoolique. Stassen nous fait vivre plusieurs jours de sa vie, passés au même rythme, où il fait inlassablement le même parcours et rencontre les mêmes gens. Paralèllement on a droit à des flash-back sur une période de la vie de Déogratias avant le conflit, sur sa vie simple, son amour frustré d'Appolinaire qu'il reporte sur sa soeur Bénigne, Tutsis toutes les deux, sur son caractère... Déogratias n'est définitivement pas quelqu'un auquel j'ai pu m'identifier, parce que Stassen le décrit médiocre, sans beaucoup d'aambition, qui se laisse entraîner facilement... jusqu'à sa descente aux enfers.
Déogratias après les massacres est littéralement devenu une bête, et Stassen le représente ainsi, comme un chien. Il fonctionne a l'instinct, un instinct primaire et très fort qui découle de ce qu'il a vécu. On ne s'identifie pas à Déogratias, on ne l'aime même pas, mais on a pitié de lui, on comprend le mécanisme de déshumanisation à l'oeuvre sur lui et c'est cela qui fait peur.
Paradoxalement le dessin de Stassen est haut en couleurs, lumineux, un dessin fait pour exprimer des choses joyeuses, et c'est ce qui fait passer la pilule, et en même temps choque un peu. Déogratias avec un dessin noir et pessimiste aurait donné un album inregardable, là on lit et ça marque, ce contraste entre la gravité des événements et le dessin...
Bref, une grande réussite, qui reste dans les esprits longtemps après la lecture. |
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