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  Mael
| Le Dégoût décrit l'improbable rencontre entre Natalia, une belle aveugle qui dévore la vie, et Daniel, boiteux plutôt laid rendu handicapé par un accident de voiture et qui se morfond dans son appartement. Obsédé par celle qui ne pourra le juger sur son physique, il la scrute, observe ses faits et gestes, sans oser l'approcher. Et puis un jour, le hasard – un peu forcé par une bouchère – permet la jonction entre ces deux êtres plutôt opposés.
D'amitié en amour, le fil de l'histoire est plutôt classique mais n'ennuie pas pour autant, car Daniel et Natalia offrent un beau matériau empli d'une douce complexité. Daniel aime Natalia qui est plus que tout ce qu'il aurait pu espérer, mais il se dégoûte : physiquement, à cause de sa jambe, mais aussi moralement, sans pitié sur son statut de parasite auto-complaisant. Quant à Natalia, l'adorable jeune fille, elle joue avec la vie comme avec une chose sans valeur et porte en elle une colère sourde. En se découvrant l'un et l'autre, c'est leur propre personne qu'ils apprivoisent, lentement et pas sans accrocs.
Porté par le trait élégant de Dante Ginevra, rehaussé par un beau sépia, le récit se déroule dans un découpage assez audacieux, n'hésitant pas à épouser le sens de chaque instant représenté. Les séquences sont ainsi cadrées au plus près, enserrant les personnages et plaçant le lecteur au cœur de l'émotion, sans qu'un quelconque artifice ne vienne détourner son attention.
Un premier titre de qualité pour les jeunes éditions Insula, qui se sont données pour mission de faire découvrir aux Français la richesse de la bande dessinée latino-américaine. Une chose est sûre, la matière ne manquera pas et la diversité sera là. On attend donc les prochains titres, en souhaitant qu'ils transforment l'essai.
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