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  BobLeBricoleur
| Difficile de décrire un œuvre comme celle-ci. Ce n'est pas comique, pas plus que tragique, et ce n'est pas non plus moralisateur ni psychologique. Non, en réalité, c'est tout ça à la fois.
Robinson nous narre la vie de Sherman et des toutes les personnes qui gravitent autour de lui d'une manière ou d'une autre. Que ce soit son meilleur pote, sa copine, ses colocataires, son père, son patron ... tout son entourage y passe. Et n'allez surtout pas croire que l'auteur se contente de les croquer en vitesse. Chacun des personnages secondaires a au moins un chapitre consacré à sa petite vie, ce qui permet de mieux cerner sa personnalité pour mieux comprendre ses réactions dans la trame principale de l'histoire.
Autant vous dire tout de suite que c'est toute une ribambelle de personnages hauts en couleurs qui défilent sur les 800 pages noires et blanches de l’œuvre. Du puceau BD-Maniaque à la mythomane chronique, en passant par la toxico ou le vieil aigri, tous les travers de notre société y sont représentés avec beaucoup de finesse.
Loin de nous raconter une histoire extra-ordinaire, ce que Robinson étale sur ses pages, c'est notre vie personnelle en version monochrome. Un personnage central ni formidable ni minable, qui a des amis ordinaire et un quotidien routinier, c'est la vie de monsieur Tout-Le-Monde. Et c'est là où l'oeuvre frappe fort, puisqu'avec une histoire si banale, elle parvient à nous tenir en haleine du début à la fin en nous rappelant combien nos vies, bien qu'ordinaires, peuvent être passionnantes. Robinson se paye même le luxe de nous offrire une fin originale à la morale intéressante.
D'un point de vu strictement technique, absolument rien à redire sur la forme. La mise en page est souvent audacieuse et toujours bien pensée, la mise en scène est excellente avec des plan et des découpages très originaux, et le tout est entrecoupé de mini-interview d'une pages des différents protagonistes.
La seule once de critique que je pourrais me permettre d'émettre, c'est le grand nombre d'allusions et de clins d’œil historique, musicaux ou télévisuels à la culture américaine peu accessible à nous, pauvres européens, mais c'est là un moindre mal.
Au final et pour conclure, voilà bien un BD devant laquelle je me prosterne et je cris "Encore monsieur Robinson", avec la triste impression que ce livre est l'oeuvre de toute une vie et que jamais l'auteur ne l'égalera (comme le formidable Blanket de Craig Thompson).
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Indy
| Un pavé cette BD, mais est–ce encore une BD ? Très dense, la lecture m’a pris une bonne semaine pour tout apprécier, y compris les notes de bas de pages qui sont plus pour rappeler au français que nous sommes, certaines subtilités voire références de la langue anglo-saxonne.
Si le récit est long (600 pages tout de même), Alex Robinson a eu l’idée de le découper en chapitres, annoncés par un tableau des principaux personnages répondant à une question existentielle (qu’est ce vous voulez pour Noël ? par exemple).
L’histoire s’inscrit dans l’air du temps puisque l’on parle colocation (style "friends" mais en plus intelligent) de boulot, de rencontres, d’espoirs, d’échecs et de ruptures : ruptures amoureuse (d’ailleurs le livre débute ainsi), rupture avec la société (Cf. le groupe de rockeurs-du-dessous).
Beaucoup de moments drôles (la logeuse est excellente !), d’émotion (le noël du professeur), de grâce (la scène du patinage), de doute (à travers Ed Velasquez).
Evidemment le monde du travail très présent, n’est pas épargné, en particulier celui de la BD et de l’édition, à travers Irving Flavor, dessinateur ô combien désagréable à la première approche. Tout au long de ces 600 pages, on s’attache à tous ces personnages gravitant autour de Sherman, l’étudiant-apprenti- écrivain-libraire : du dessinateur-raté à la logeuse-caporal chef, en passant par la journaliste-bordélique et l’intello-dragueur fou… bref une galerie de portraits parfaitement réussis.
Le génie de Robinson est d’avoir fait passer l’intrigue d’un personnage à un autre… sans que l’on se rende compte qu’au final le héros n’est pas celui que l’on croit mais chut…. En outre l’épilogue est traité de façon magistrale et la nostalgie nous rattrape.
"De mal en pis", un roman graphique qui évidemment ravira les amateurs du genre mais qu’il faut absolument faire découvrir autour de vous …un régal, une claque aussi saisissante que l’était « Blankets » paru la même année. |
rohagus
| 604 pages ! Impressionnant quand on commence cet album de voir sa taille et de réaliser qu'il va vraiment falloir du temps pour le lire car chaque planche se lit tranquillement avec ce qu'il faut de texte et de cases. Mais non seulement, il est facile de s'arrêter en fin de chaque petit chapitre et de reprendre plus tard sans crainte de perdre le charme de la BD, mais en plus arrivé à la moitié de l'album, c'était trop tard pour moi, je n'ai plus réussi à le lâcher jusqu'à la fin (je ne sais même plus l'heure qu'il était quand je l'ai terminé).
Je ne saurais pas trop comment décrire ce qui est contenu dans cette BD. Des tranches de vie à la façon de Friends ? Oui un peu puisqu'on se base sur un groupe d'amis et de relations autour d'un appartement en colocation. Mais il y a largement plus de réalisme et de profondeur dans « De mal en pis ». D'ailleurs pourquoi avoir choisi ce titre ? Rien ne va « de mal en pis » dans cette histoire : les personnages évoluent, changent, gagnent en maturité, souffrent, sont heureux, sont amoureux, s'engueulent, se découvrent, mais cette évolution ne va ni de mal en pis, ni de mieux en mieux : les gens changent voilà tout.
Les sujets abordés dans ces quelques mois durant lesquels nous suivions tous ses personnages sont multiples : histoires d'amours, relations amicales, monde du travail, réflexion sur la maturité et les choix de vie, intrigue dans le milieu du business du comics, et de multiples témoignages sur la vie, sur l'âme humaine, sur les gens en général.
J'ai trouvé les personnages excellents, bien différents les uns des autres tout en étant originaux et très justes. J'ai une préférence pour le personnage de Dorothy Lestrade qui souffle vraiment le chaud et le froid mais que je trouve très attachante. A l'inverse, alors que le récit semble souvent se focaliser sur Sherman, ce personnage là se révèle finalement presque le plus décevant humainement parlant, surtout quand on découvre dans l'épilogue ce qu'il deviendra plus tard. Et le vrai héros de cette BD, au final, se retrouve plutôt être Ed Velasquez qui aura sans doute gagné franchement plus en maturité entre le début de l'histoire et l'épilogue.
Une BD aux multiples histoires toutes simples mais touchantes et très prenantes, un long aperçu de la vie de jeunes adultes qui entrent tout juste dans le monde du travail, un récit empli d'humour et d'émotions, un livre qu'on referme avec nostalgie.
J'ai vraiment adoré ma lecture, les personnages que j'y ai suivis, les sentiments que j'y ai éprouvés et les émotions et les souvenirs qu'elle a su graver en moi.
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