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| Dans un avion, un espion américain a des flatulences. Comprenez par là qu'il est extrêmement nerveux. Rentrant d'une mission durant laquelle il a dû tuer un Hongrois, n'ayant pas pris la peine de se déguiser, il n'a qu'une hâte : se retrouver en sécurité, et démissionner.
Plongé dans ses pensées, il en est tiré par une charmante demoiselle qui s'asseoit à côté de lui. La discussion s'engage. Sa voisine s'avère avoir un accent russe, notre espion devient de plus en plus nerveux.
Puis l'histoire recommence. Ou plutôt, nous voyons une grande partie de la même scène par d'autres yeux. Autre vision, autre perception. Sentiments, valeurs et jugements ne sont pas les mêmes et on découvre un autre aspect de l'histoire, ainsi que d'autres éléments.
Puis l'histoire recommence encore. :) |
  corriveau
| Ah bin ça c'est un album super simple mais en même temps super bon! C'était pour ma part, ma première lecture d'un album de Frederik Peeters. Évidemment, je peux dire que cet album m'a fortement encouragé à m'intéresser d'avantage à l'oeuvre de cet auteur. Cette petite histoire qui se lit (beaucoup) trop vite nous transporte pendant quelques instants. J'ai été charmé par les dialogues percutants par leur vérité. On n'a pas l'impression de lire une BD... j'ai plutôt eu l'impression d'être au cinéma en lisant ce livre... La mise en scène et le style "même histoire vue par deux personnages différents" est ici exploité à merveille! À travers les pensées des personnages, j'ai rapidement appris à les connaître et à regretter que l'histoire soit terminée. |
pikipu
| On se dit souvent qu'une bd courte n'a pas beaucoup d'intérêt, qu'elle sera vite lue et qu'au lieu de l'acheter, on ferait mieux de la feuilleter vite fait dans une bonne librairie, histoire tout de même d'apprécier les dessins, curieux de savoir quelle histoire peut nous conter un livre avec si peu de pages...
Avec Constellation, on est tout d'abord charmé par le dessin de Peeters, ce genre de dessin simple et beau qui vous fait croire que ça a l'air facile et qui vous donne envie de dessiner. Et puis on se laisse prendre instantanément dans la narration de Peeters, qui réussit en peu de temps à nous raconter plusieurs vies. Ne vous trompez pas: Constellation est un véritable bijou. Un petit diamant à plusieurs facettes. Car quand on finit le livre, on le relit tout de suite. Et chaque lecture nous laisse sur un impression nouvelle.
Et on se dit qu'on aurait été bête de feuilleter tout cela en vitesse dans une librairie. |
xaxa
| Dans ce 31ème volume de la collection Mimolette, trois personnes se croisent à bord d’un vol Paris / New-York, en pleine guerre froide, en 1957. Deux hommes, une femme, trio éternel du vaudeville ou… de la tragédie. Cette situation basique va donner à Frederik Peeters l’occasion d’un exercice de style qui, a défaut d’être original, est une réussite.
Cette bande dessinée est divisée en trois chapitre, de dix pages chacun, chaque planche étant composée de trois strips de deux cases. Trois chapitres, comme autant de protagonistes, mais surtout de narrateurs. Car chacun, à tour de rôle, est aux manettes du récit. Pour une même situation, trois regards, trois voix off, trois histoires différentes ; histoires, par le passé des personnages, les raisons de leur présence dans cet avion, mais aussi par leurs réflexions, leurs interprétations de ce qui déroule devant leurs (nos) yeux. La maîtrise narrative de Peeters accorde alors autant de temps (sic) à chaque personnages. Car, il faut bien parler de temps ici. La stricte égalité du nombre de pages, de cases dans les trois chapitres a pour but (et effet), non seulement d’accorder un poids égal à chacun des personnages, mais aussi de souligner la simultanéité des situations. Unité de lieu, unité de temps.
Mais, à la relecture, ces personnages semblent être autrement liés que par leur seul présence dans cet avion, ou par ce sentiment de peur inhérent à la guerre froide. Chacun d’eux porte en lui… une tristesse, une peur, une… potentialité d’échec. L’espion vit dans la trouille, la paranoïa. Il en devient incapable s’imaginer plaire à une femme, pire, de sortir de son personnage pour tenter de la séduire. Le stewart vit au travers de sa haine des américains & pour assouvir sa vengeance personnelle. La femme russe se lance dans une ultime tentative de séduction, dernier sursaut devant la peur de vieillir, de vieillir seule. Chacun porte en lui une fêlure, une faille qui les fait agir de cette manière dans la situation présente. Peeters, par la justesse de ses dialogues, de ces monologues intérieurs, nous fait vivre ces personnages au plus profond de leur fragilité.
Il est intéressant alors de noter que chaque protagoniste représente une part de nous, de nos angoisses et de ce qui fait avancer le monde. L’espion est l’outil du pouvoir politique, de la recherche de puissance ; le stewart, vengeant son frère, représente l'emprise de la famille sur nos agissements ; et la femme, par son jeu de séduction représenterait l’amour. Le pouvoir, la famille et l’amour, trois moteurs essentiels à l’humanité, qui dans le domaine de l’art confinent à la tragédie. Il y a dans Constellation quelque chose comme une tragédie grecque.
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