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© Dargaud

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Ce qui est précieux
ScénarioLarcenet Manu
DessinLarcenet Manu
CouleursLarcenet Patrice
Année2006
EditeurDargaud
SérieLe Combat Ordinaire, tome 3
autres tomes1 | 2 | 3 | 4
Bullenote [détail]

 

2 avis

NDZ
Devant l'insistance d'Emilie, Marco, à la paternalité iminente, se questionne sur la figure du père, en observant la dérive de "jeunes papas" (ceux de sa génération) que sont Bastounnet, l'ami d'enfance, ou son frère mais surtout, il cherche une réponse du côté de sa propre relation avec son père, récemment disparu, à travers son contact avec ses aînés.

En effet, après ses pairs (les âârrtistes, photographes du tome 2), Marco est confronté à ses pères (symboliques)... Pablo, ancien collègue de son père et ami, l'ancien combattant, supérieur de son paternel pendant la guerre d'Algérie, l'éditeur de son livre sur l'atelier 22 (ancien journaliste à la conscience sociale développée, le type de vulgarisateur tant décrié par l'âârrtiste Blanc) et dans une moindre mesure, le nouveau psy (orange ou citron ?) avec son petit côté paternaliste.

Larcenet creuse encore la veine "humaine" : les rencontres et dialogues sont extrêmement bien réussis, les personnages évoluent suite à ces échanges, rien n'est figé. Exit les deux scènes poussives du tome précédent où Marco était témoin - par un heureux hasard - de scènes dont il n'aurait pas dû avoir connaissance (le malaise de son père dans le jardin, les hypocrites collègues qui se paient sa tête), tout est ici ammené de manière juste et exploité délicatement et intelligemment.

Même si le "journal" du père et sa glorification des "instants précieux" me semble de trop (limite mièvre - syndrome Amélie-mélo ?), Larcenet touche encore juste et boulverse par ses silences (les scènes poignantes de Marco avec sa mère) et ses regards si évocateurs (l'amour de Marco pour Emilie, pour les gens qu'il apprécie). Cela et le contraste texte-image peut-être trop appuyé lors de la confrontation du journal et des anciens clichés (qui eux, laissent une impression forte) n'altèrent cependant en rien la grande qualité de la narration et la puissance évocatrice du trait de l'auteur.

Comme toute bonne fiction nourrie d'éléments autobiographiques (on retrouve aussi cela dans l'excellent Lupus de Peeters) le processus d'écriture et l'art donnent naissance à une exploration de l'homme et de la vie passionnante comme une goutte d'eau qui agit sur la lumière (on parle de soi par le prisme de la fiction) : de quelque chose qui semble simple et puissant, on obtient un éclatement complexe des vibrations (humaines) qui même si elles sont dissociées, ne sont pas pour autant expliquées, ni ne perdent de leur force. La magie initiale reste intacte.
Coacho
Le combat ordinaire est une affaire de temps. Pas celui qui fait de nos journées de resplendissants moments ensoleillés ou de mornes périodes pluvieuses, non, mais bien celui de la vie, qui passe, qui s’égrène.
Le temps qui s’écoule, avec des instants relatifs, qui nous permettent de croire que ça passe vite ou pas, et qui fait son œuvre sur les peines, les tragédies, mais aussi les bonheurs de chacun. Le temps est aussi un cycle, avec certaines choses qui se perpétuent, et que l’on tente parfois de figer dans sa mémoire, ou grâce à quelques clichés photographiques…
Marco est dans ce tome toujours pétri de contradictions qui nous le montrent tantôt égoïste et immature, et tantôt responsable mais trop souvent dépassé par la violence des évènements.
Le voilà en pleine tentative de résolution de ses grandes angoisses, et plongé dans un univers de nouvelles qui, pourtant, sont une tentative de définitive reconstruction.
Alors qu’il vient de perdre son père, Emilie lui propose d’endosser ce rôle qui lui laisse toujours autant de contours flous. Il continue alors d’expier, d’exorciser ses démons, et d’une façon bien différente de celle de son frère qui vit lui aussi une période très difficile.
A la recherche d’un passé, le sien, mais aussi de ses origines, il tente de reconstituer le puzzle de la personnalité complexe de ce père haï et adoré.
Cet album contient des moments de pure grâce et je n’arrive pas à dissocier ce tome des 2 précédents dans la qualité. Il y a des pauses, des réflexions, des interrogations, des soupirs, des silences, et tout est diablement bien maîtrisé quant à la mise en page.
Il y a 2 ou 3 passages que j’ai personnellement moins appréciés mais ils sont aussi là pour couper la lourdeur dépressive de certains passages qui pourraient entamer le moral des lecteurs ! Mais tout de même, il y a des purs moments de bonheur, de grâce, comme l’entrée de Marco dans la remise de son père, ou la planche silencieuse (11) de la mise à feu de certains souvenirs lui ayant appartenus. Marco repose aussi des photos (p. 23) en tentant d’y mettre un ordre précis et de trouver une cohérence que son incompréhension l’empêche de percevoir dans toute cette relation père-fils qui le hante.
Enfin, je souhaitais faire un aparté sur la « parenthèse » que représente ce livre.
En effet, la première case le la planche 1 fait écho à la dernière case de la planche 64.
Dans notre culture, l’axe du temps est représentée de gauche (pour le passé) à droite (pour le futur).
On y trouve donc en page 1, Emilie qui regarde vers la droite en étant assise à gauche d’une case presque nue. Elle envisage l’avenir, la vieillesse, et s’interroge sur son devenir, avec toutes les incertitudes que cela comporte.
En page 64, c’est l’inverse. On voit la mère de Marco assise à droite, regardant vers la gauche, dans une case plus touffue.
Avec le temps, la végétation pousse, donne du corps mais aussi du mystère à la vie.
La mère de Marco, au seuil de sa vie, réfléchi à son passé et regarde avec certitude son parcours, se demandant ce qu’elle aurait pu changer en faisant d’autres choses.
Et puis la jeune génération fait écho à l’ancienne, l’une se regardant vieillir, l’autre se revoyant jeune… Pleines d’espoir et d’aquabonisme, ces deux cases sont l’exemple même d’un travail superbement réalisé, pensé, réfléchi avec minutie, et ce genre de soin porté à ce genre de détails me fait penser que le combat ordinaire est tout sauf un album ordinaire…
A noter qu’il existe une version avec Dvd que je n’ai pas visionné… Mais lisez ces 3 albums !
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