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  Thierry
| Le soleil d'été darde ses derniers rayons brûlants sur la ville engourdie. Il fait trop chaud pour travailler et il ne reste plus de pulco dans le frigo. Sans courage aucun pour lire un livre sans images, je décide de replonger dans ma bibliothèque à la redécouverte d'anciennes bandes dessinées, lues il y a bien longtemps et souvent oubliées. Puisqu'il faut bien commencer quelque part, je me saisis du premier album sur la planche du bas de la bibliothèque le plus près de la fenêtre. Je tombe sur le premier tome de cette série de Yann et Lamy. Nul souvenir ne remonte à la surface, mais les scénarios de Yann sont en général plutôt bons et les albums de Lamy parus chez Delcourt, a défaut d'être transcendants, étaient plutôt sympathiques. Je m'attendais donc à une gentille série B qui lorgne du coté des westerns à la Sergio Leone, comme le laisse supposer la couverture.
Alors il était une fois un homme-sans-nom, avec un poncho, un cigarillo, un chapeau et un gros revolver. Il a la gueule de Clint Eastwood, en très buriné avec plein de petits traits pour rendre plus buriné encore. Et quand il tombe la chemise, il est tout musclé comme Arnold S et je suis sur que si les coutures de son jean lui permettaient, il n'aurait aucun problème pour nous gratifier d'un grand écart facial comme Jean-Claude. Le bougre est évidemment taciturne, comme Clint chez Sergio.
Il était une fois aussi Gila, gros gourou libidineux d'une secte mormone aux traits burinés avec plein de petits traits qui aime a citer des versets au lieu de dire les choses simplement. Les versets sont écrits en gothique, pour bien qu'on comprenne que ce sont des versets. Le gourou libidineux a plein de femmes, parfois très jeunes, comme Salomé, que l'homme-sans-nom-qui-ressemble-à-Clint est chargé de retrouver. Ça va saigner grave dans les cactus !
Il est difficile de faire pire dans le genre bourrin, premier degré boutonneux pour ados débiles. Aucun scénario, malgré le nom de Yann sur la couverture. Tout au plus un léger clin d'oeil quand un personnage avec plein de petits traits sur le visage pour suggérer que le climat rude burina son visage, autrefois laid de toute façon, répondant au nom de Vandooren est jeté aux cochons. Serait-ce une allusion à un ancien directeur de collection de chez Dupuis ? Il y a quelques scènes vaguement érotiques mais vraiment racoleuses, des fusillades qui font bang ! bang ! et même quelques répliques qui tentent maladroitement de singer celles, cinglantes, du vrai Clint dans les films de Sergio Leone (le fameux "le compte n'y était pas" reste une merveille d'humour noir). Qui plus est, c'est mal dessiné.
Dargaud abandonnera la série au premier tome, laissant le lecteur face a un suspense insoutenable. Heureusement, elle fut ensuite rachetée par Soleil (pour sa collection "chef d'oeuvres en péril" ?) et j'ai découvert avec effroi que j'avais acheté le deuxième tome. J'étais encore loin de l'adage "Achetons mieux, achetons moins" que je tente désormais d'appliquer. |
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